21 novembre 2024

Le pape François n’est pas Sauvé !

  L’Eglise de France a fait preuve de courage en demandant à une commission indépendante présidée par Jean Marc Sauvé, ancien vice-président du Conseil d’Etat,  d’enquêter et de faire des propositions sur les crimes contre des enfants commis en son sein.     Le rapport a été salué par la plupart des observateurs comme complet, bien documenté, impartial et contenant des propositions utiles (reconnaissance des faits, réparation des préjudices, formation des prêtres…). L’Eglise de France a repris ces contenus, reconnu les faits et commencé à mettre en œuvre ses conclusions. Même si beaucoup des faits sont prescrits (le rapport couvre la période 1950-2020), même si une partie importante des criminels concernés sont décédés, cette démarche reste positive et apporte un certain réconfort aux victimes qui ont souvent vécu pendant des années dans le silence et la honte.

Il y a pourtant une personne, et pas n’importe laquelle, qui n’apprécie pas beaucoup tout cela : le pape François. Certes à la publication du rapport il a eu des mots comme “pardon, honte, chagrin”, tout en avouant ne l’avoir pas lu. Mais un peu plus tard sa position s’est durcie. Il a indiqué qu’il fallait une grande “prudence” dans l’interprétation des conclusions, que les responsables de ces actes n’étaient pas “l’Eglise elle-même”, que seule celle-ci pouvait véritablement comprendre et éclaircir ce qui se passait en son sein. Une douche froide pour beaucoup et qui augure mal de l’avenir. Car si l’Eglise de France a courageusement “balayé devant sa porte”, qu’en est-il des centaines d’autres Églises catholiques à travers le monde qui restent prudemment muettes ? On peut pourtant craindre ou au moins soupçonner que des crimes de même ordre et de même ampleur aient pu y être commis. Mais retranché derrière l’impossibilité pour Rome et ses institutions d’avoir la possibilité de reconnaître  leurs erreurs, le pape prend le risque de ne rien faire.

Cela augure mal des positions qui seront défendues sur les grands débats comme le célibat des prêtres, les choix bioéthiques, l’immigration, la solidarité.

Ou bien, plus simplement, s’agit-il d’un simple règlement de compte politique contre une Eglise de France considérée par Rome comme trop indépendante sinon rebelle?

Richard Yung

Richard Yung, Sénateur des Français de l'étranger de 2004 à 2021, partage ici ses réactions à l'actualité.

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