L’invasion de l’Ukraine par la Russie a entraîné plusieurs conséquences importantes pour l’Afrique. En premier lieu, l’approvisionnement en céréales des pays d’Afrique du nord : le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, et plus à l’est, l’Egypte pays de plus de 100 millions d’habitants. Ces pays dépendent considérablement des importations de blé et de maïs russes et ukrainiennes. Elles sont la base de l’alimentation, que ce soit le pain ou les différentes variétés de couscous ou de plats nationaux. Or ils ne produisent que 20 à 30 % de leur consommation et importent donc le reste, de l’Union européenne mais surtout de Russie et d’Ukraine. Au moment où nous approchons du début du ramadan et des grands repas pris le soir, on ne peut qu’être inquiets sur la rupture de ces importations. Nul ne sait si ces pays sont en mesure d’importer : ont-ils des stocks, les ports et les installations portuaires fonctionnent elles encore ? Pire encore, les semences pour les prochaines moissons ont-elles pu être faites dans des pays ravagés par la guerre ? Y aura-t-il des récoltes en 2022 ? Enfin la hausse considérable des prix sera une difficulté majeure pour les budgets des Etats concernés qui subventionnent ces denrées.
On ne peut que craindre une grande catastrophe alimentaire sans que des solutions palliatives soient évidentes. Il est urgent de mettre en oeuvre le plan agricole adopté par l’Union (FARM) en cultivant les terres en jachères, en coordonnant les politiques agricoles et en subventionnant les prix de l’énergie et des engrais.
L’attaque russe a par ailleurs mis les pays africains dans une situation délicate à l’ONU, devant se prononcer sur une motion condamnant la Russie pour l’invasion de l’Ukraine, votée par la quasi totalité des Etats, mais qui risquait de mettre en cause les relations avec la Russie. C’est pourquoi de nombreux pays africains ont préféré s’abstenir ou ne pas prendre part au vote, ainsi du Maroc, proche des Etats-Unis ou du Sénégal, proche de la France. Les plus proches du Kremlin, Mali et autres, ont voté contre. Difficile à justifier quand on combat l’impérialisme, la colonisation et l’intangibilité des frontières. Il restera quelque chose de ces votes considérés comme inamicaux par les pays de l’OTAN, principaux pourvoyeurs de l’aide. La Russie en a profité pour pousser ses pions en République Centrafricaine, au Mali, sur le plan militaire avec ses milices Wagner, et politique avec sa propagande et la mainmise sur les médias locaux.
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