Emmanuel Macron a toujours dit qu’il fallait garder un lien, une coopération, des échanges avec la Russie. Je me souviens qu’il avait longuement développé cette approche lors de la dernière Conférence des Ambassadeurs, critiquant même l’approche trop réservée et conservatrice de la diplomatie française. Même après l’invasion de l’Ukraine en février, il a tenté de garder ouverte la communication avec Poutine. Mais la découverte de charniers, des crimes de guerre russes, de l’utilisation d’armes interdites a rendu impossible tout serrement de main avec“Poutler”, comme disent les Ukrainiens. Puis nous reviennent en mémoire les nombreuses guerres ou plutôt agressions armées dont Poutine s’est rendu coupable depuis 20 ans : Tchétchénie (1999-2009), Géorgie (2008), Ukraine (annexion de la Crimée en 2014), Syrie (2015 à aujourd’hui), Libye (2016 à aujourd’hui), Haut Karabakh (2020), Ukraine (2022 -). Un beau bilan qui montre que Vladimir Poutine n’est pas très intéressé par la paix ni par la négociation : dans la majorité des cas, la fin de l’invasion russe a été l’écrasement brutal de l’adversaire (Tchétchénie, Crimée, Syrie, Karabakh) et dans les autres la partition du pays (Géorgie, Libye). On ne peut que craindre que ceci s’applique à la situation ukrainienne puisque la séparation du Donbass et de Loubansk sont déjà une réalité. L’objectif de Poutine est de continuer à “émietter” l’Ukraine en petites enclaves, soi-disant indépendantes, en réalité vassales et esclaves de Moscou.
Macron réélu doit-il reprendre le chemin de Moscou ? Volodymir Zelensky a lui-même redit qu’il était prêt à négocier. Lui peut le dire puisqu’il est le principal intéressé. Pour Emmanuel Macron, la situation est différente. En tendant la main à Poutine, il montrerait une faiblesse certaine de l’Europe et de la France et le consoliderait dans l’usage de la force.
Ce que Poutine peut comprendre, c’est le renforcement de l’OTAN sur ses frontières, la fourniture croissante d’armements, l’accueil de la Finlande et de la Norvège dans l’OTAN, l’invitation à l’Ukraine à rejoindre l’Union européenne, sans entrer en guerre frontale.
Le voyage de Moscou n’est pas de mise.