Mark Rutte, le Premier ministre néerlandais, vient de présenter ses excuses aux peuples d’Aruba, de Curaçao, Bonaire, Saint Martin, Suriname, pour le passé esclavagiste des Pays-Bas. Il prend ainsi la suite de plusieurs institutions comme la Banque centrale des Pays-Bas, les grandes villes, les Églises néerlandaises. C’est vrai pour les Pays-Bas mais aussi pour de nombreux autres pays qui ont présenté des excuses : la Belgique envers le Congo, la Grande Bretagne envers la Jamaïque, l’Allemagne envers la Namibie, le Danemark envers le Ghana, les Etats-Unis envers leur population afro-américaine.
On se demande quel est le sens de ces excuses, 200 ans après les faits : qu’en font celles et ceux à qui elles ont adressées ? En sont-ils satisfaits, ou bien les considèrent-ils comme une façon bon marché de se débarrasser d’un cas de conscience ? Ou peut-être espèrent-ils que cela ouvre la route à des réparations pécuniaires ?
Vient ensuite pour nous la question de savoir pourquoi la France ne s’est pas jointe à ces démarches. Non pas que nous ayons été inactifs en la matière. Il y a la loi de 2001 portant “reconnaissance de la traite et de l’esclavage comme crime contre l’humanité », il y a la journée nationale de commémoration chaque 10 mai, il y a la Fondation pour la mémoire de l’esclavage. Nous avons aussi entamé une politique – délicate – de restitution des biens culturels, par exemple avec le Bénin . Le président Macron a aussi reconnu la responsabilité de la France dans les exactions commises en Algérie. Est-ce suffisant ? Faut-il présenter des excuses officielles du gouvernement ? Je ne sais pas quelle serait la bonne politique.
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