Une grande majorité d’entre nous, du moins en Europe, partagent l’objectif de baisser de 55% d’ici 2050 le taux des émissions à effet de serre. Cette option n’est pas partagée par tous les Etats du monde. Les pays du sud nous répondent que nous avons pollué le monde pendant 200 ans et qu’ils ont besoin de développer leur croissance pour assurer l’avenir de leurs populations. La Chine dit la même chose mais n’est pas gênée par une opinion publique. Les Etats-Unis sont mitigés, Trump considérait cela comme hostile, mais compte tenu des catastrophes naturelles qui s’abattent sur eux, les Américains prennent progressivement conscience du problème.
Transition écologique, cela signifie des investissements considérables dans tous les domaines : agriculture, transports, logement, production d’énergie, révision des systèmes industriels. Pour faire simple les experts estiment que le coût de cette transition pour l’Union Européenne serait sur trente ans de l’ordre de 10 000 milliards € pour un PIB de 20 000 milliards par an soit 1,6%. C’est un effort considérable et la question est posée de savoir comment le financer.
Une première solution serait d’accroître l’endettement public en profitant des taux relativement bas et de l’énorme quantité d’épargne disponible. Cela implique de réviser les règles budgétaires européennes beaucoup trop rigides. Une seconde serait de dégager des marges dans les dépenses budgétaires actuelles, mais l’expérience montre que c’est plus facile à énoncer qu’à faire (« dans chaque niche, il y a un chien qui mord »). Reste une proposition de Jean Pisani-Ferry qui serait un impôt exceptionnel et temporaire, assis sur le patrimoine financier des 10% des ménages les plus aisés. Ce prélèvement rapporterait 5 milliards par an pendant 30 ans soit 150 milliards €, c’est-à-dire environ la moitié de l’investissement nécessaire pour la France. Il devrait être accepté socialement car il montre que la charge est partagée et que ce ne soit pas les moins aisés qui la portent.
De nombreux aspects restent à étudier comme l’assiette, les taux…Il faut de plus convaincre E.Macron pour qui la baisse des impôts est le mantra budgétaire. Mais nul plus que Jean Pisani-Ferry est mieux placé pour le faire.