Henri Konan Bédié vient de décéder à 89 ans (c’est du moins ce qu’il disait, mais peut-être était-il encore plus âgé). Un des trois dinosaures de la vie politique ivoirienne avec Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, qui l’ont dominée depuis la mort de Félix Houphouët Boigny en 1993. Henri Konan Bédié, dit le sphinx de Daoukro (son village baoulé) devient alors président de la République. Il sera renversé par le général Guéï en 1999 et ne retrouvera jamais le pouvoir.
Mais revenons en arrière. En 1971, je fais mon service militaire comme coopérant à l’ENA de Côte d’ivoire, tout juste créée. Au gouvernement, Konan Bédié est ministre de l’Economie et des finances, Mohamed Diawara, brillant technocrate, ministre du Plan. Ils ont un cabinet commun et un de leurs conseillers, français, est chargé d’écrire leurs discours. Cet heureux compatriote préfère la plage et le golf à la rédaction de ces envolées économiques libérales : c’est pourquoi il me les sous-traite, du moins en partie, ce qui améliore mon ordinaire. Et voilà comment, militant PSU, engagé très à gauche, je me retrouve plaidant pour l’économie de marché, pour la liberté commerciale, pour des impôts légers….
50 ans après, je salue ce soir la mémoire de ces ministres qui ont guidé mes premiers pas en politique.