Et c’est Javier Milei qui devient président de l’Argentine. Un crooner un peu défraîchi, libertarien d’extrême-droite. Contre toutes les dépenses publiques, pour tout privatiser, décidé à couper les ministères “à la tronçonneuse” (c’est son slogan), climato-sceptique, anti-avortement, pour la liberté de port d’arme …. Un drame pour son pays et un régime populiste de plus sur notre pauvre terre.
Depuis les années 1980, sans doute à la fin des 30 glorieuses, a commencé à se développer ce qu’on appelle “ le populisme”. C’est un terme vague qui couvre de nombreuses acceptions. A l’origine, c’est en Russie l’appauvrissement des paysans (Narodnyi) avec la modernisation de l’agriculture et la politique réactionnaire de Nicolas II. On retrouve la même chose aux Etats-Unis (moins connu) avec le People’s Party dans les années 1890. Ce sera un populisme de droite, retour à la terre, antisémite, raciste. Plus tard, un autre populisme, cette fois -ci à gauche, renaîtra dans les années 1950 en Amérique latine avec Getulio Vargas au Brésil et Juan Peron en Argentine. Lié aux syndicats, il donne des droits sociaux aux travailleurs et prône la Justice sociale mais il s’égarera dans la violence.
On trouve ensuite de nombreuses illustrations du populisme : en Suisse avec la bien mal nommée Union du Centre, en Allemagne avec l’AFD en Hesse et en Bavière, en Hongrie avec Orban, en Slovaquie avec Pico, au Danemark, en Autriche, en Italie. Et je ne mentionne pas Donald Trump aux Etats-Unis ou Narendra Modi en Inde.
Ces formations sont pour la quasi-totalité de droite voire d’extrême-droite. Elles sont anti-européennes, anti-émigrés, racistes, contre la justice et différentes formes de gouvernement. Leur projet est d’instaurer le libéralisme économique le plus complet, de lutter contre le cosmopolitisme (atteinte à notre héritage chrétien), défendre un modèle familial (un père, une mère et des enfants) contre la tyrannie écologique qui bride tout progrès.
Leur philosophie est une méfiance envers les représentants élus qui sont considérés comme trahissant le peuple, corrompus et inefficaces comme toutes les élites. Le programme est simple : “ dégageons-les”, comme le disaient les gilets jaunes et le Rassemblement National. Il faut un chef charismatique qui dirige de manière autoritaire le peuple qui est considéré comme bon.
Il existe aussi des formes de populisme d’extrême-gauche qui reprennent certains de ces éléments comme l’hostilité aux élus, l’antisémitisme, le culte du chef. Ainsi en est-il en France des Insoumis, de Syriza en Grèce, de Cinque Stelle en Italie, de Die Linke en Allemagne. Ces formations ont progressivement remplacé les grands partis qui structuraient la vie politique et la démocratie comme la social-démocratie, les démocrates-chrétiens et les partis communistes. Si l’on prend en compte les populistes de droite et de gauche, on arrive à 50% des votants.
Il est bien difficile de trouver les racines de ce mal. On dit qu’une économie qui ne se porte pas bien et le chômage en sont les premières causes, mais l’exemple de la Suisse ou du Danemark montre le contraire. La disparition des classes moyennes en milieu urbain et le sentiment d’un rejet fort en milieu rural expliquent une part des choses : “ on nous méprise”, “nous n’existons plus”.
Alors que faire ? Il y a certainement un effort considérable à faire au niveau de l’éducation en général et de la formation professionnelle : redonner un prestige social aux enseignants, développer les classes à effectif réduit et regroupant deux années, enseigner les langues, avoir des modules professionnels.
Il serait nécessaire de refaire vivre les structures intermédiaires comme les associations de toutes sortes qui créent un tissu social et reprendre les services publics dans le monde rural.
© Thomas Bresson CC BY 4.0
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