Un drame sans précédent se déroule au sud de l’Egypte, dans le Soudan partagé en deux pays : le Soudan de Khartoum à majorité musulmane, et celui Soudan du Sud à majorité chrétienne, lequel dispose des richesses pétrolières et agricoles, ce qui ne l’empêche pas d’être un des pays les pauvres du monde.
Il y a conflit entre les deux Soudan. Plus grave, il y a une guerre civile et armée entre deux fractions militaires : les Forces Armées Soudanaises (FAS du “général” Abdel Fattah Abderahman Al Bourhan), et les Forces de Soutien Rapide (FSR) du “général” Hamdan Dago dit Hemetti qui fut responsable du génocide du Darfour. Chacun des deux chefs cherche à obtenir le pouvoir seul et se livre aux pires exactions sur la population civile, en particulier au nord et à l’ouest, et dans la ville même de Khartoum. Plus personne ne contrôle ces deux armées devenues folles mais, comme on le voit partout dans le monde, soutenues pour les FAS par l’Egypte, l’Iran, le Quatar et … l’Ukraine, et pour les FSR, par la Russie, la Libye, les Emirats Arabes via le Tchad. Les choses s’aggravent par le recrutement dans chacune de ces deux armées de tribus minoritaires dans les différentes parties du pays : guerre civile, militaire, mais aussi guerre tribale.
Plus de 8 millions de Soudanais ont fui leur village, on parle de 50 000 morts, sans doute beaucoup plus. Plusieurs millions sont menacés par la faim, surtout des enfants. Le Soudan qui était le grenier à blé de l’Afrique de l’Est et de l’Egypte voit toute son agriculture détruite.
L’aide humanitaire et en particulier celle du PAM arrive au compte-goutte et de toute façon est immédiatement pillée par les chefs de guerre locaux.
Alors que faire ? Une conférence internationale s’est tenue il y a deux jours à Paris à l’initiative de l’Union européenne et deux milliards de dons ont été promis. Cela part d’une bonne intention, mais outre que ce n’est pas d’argent dont les Soudanais ont besoin mais de de nourriture, la vraie question est comment l’acheminer. Il faudrait des corridors militairement sécurisés. Mais si ce sont par des forces de l’Union ou de l’OTAN, on criera à l’impérialisme et au néocolonialisme, à l’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays africain. On nous accusera aussi d’être responsables de tout ce drame, comme on nous accuse d’être responsables de la situation à Gaza, au Sahel, dans le Caucase …
La terrible conclusion, c’est qu’il n’y rien à faire, sinon laisser les Africains régler leurs affaires entre eux, et pleurer sur notre incapacité à agir.
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