C’est vrai dans la quasi-totalité des pays producteurs de pétrole ou de gaz, à une exception près : la Norvège. Un pays luthérien, donc à cheval sur la moralité. Elle a commencé par ne pas adhérer à l’Union européenne car elle ne voulait pas partager ses revenus pétroliers (et accessoirement ceux du hareng) avec les autres pays membres. Elle a ensuite créé un fonds souverain alimenté par la fiscalité prélevée sur le pétrole et le gaz. Ce fonds géré avec beaucoup de prudence par la Banque nationale de Norvège s’élève aujourd’hui à 1530 milliards € et assure l’équilibre budgétaire du pays pour de nombreuses années, d’autant que la Norvège produit suffisamment d’énergie hydraulique pour satisfaire ses besoins.
A l’inverse on trouve des pays comme la Suisse, le Japon et même la France, dépourvus de ressources énergétiques, sauf pour l’hydroélectricité, et qui ont su se développer.
On en arrive aux pays qui ont de grandes ressources gazières et pétrolières mais qui ne les ont pas ou mal utilisés pour leur développement : Guinée équatoriale, Libye, Angola, Venezuela, Nigeria. Les raisons sont multiples. Ce peut être la guerre civile comme en Libye, la corruption comme en Guinée, au Venezuela ou en Angola. Le cas de l’Algérie ou de la Russie est un peu différent car la rente pétrolière – considérable – sert à l’armée, à financer les produits de première nécessité et enfin à la corruption. Dans aucun de ces pays la manne pétrolière n’aura été utilisée pour faire progresser l’agriculture, pour développer l’industrie ou même pour l’action sociale.
C’est pourquoi je m’inquiète de voir que de grands gisements ont été trouvés au large du Sénégal, de la Mauritanie et du Mozambique. Il est à craindre que les revenus ainsi générés se transforment en propriétés luxueuses au bord du Lac Léman, en portefeuilles bancaires ou en bijoux. Leurs habitants continueront à être aussi pauvres qu’avant et sous dictature.
Laissons le pétrole là où il est, sous terre. Développons le riz, la pomme de ter, le manioc !