Les dernières informations sur le comportement sexuel de l’abbé Pierre sont consternantes : pour ses victimes qui n’osaient dénoncer un si saint homme, et pour lui qui piétinait allègrement ses vœux de chasteté. Cela n’enlève rien à tout le bien qu’il a fait pour les pauvres, les sans-abri, les abandonnés de la société. Je me garderai bien de porter un jugement sur un de mes semblables.
Il me semble par contre que le silence de la hiérarchie catholique, dont on apprend qu’elle connaissait toutes ces turpitudes, est plus condamnable. Il a fallu des années pour que, récemment, les évêques reconnaissent les actes condamnables de certains de leurs prêtres, et que l’Eglise accepte de réparer moralement et matériellement les victimes, le plus souvent des enfants. C’est aujourd’hui en route, très lentement et prudemment il est vrai.
Le Pape François feint de découvrir le scandale concernant l’abbé Pierre et s’en sort en arguant “qu’à l’époque, il n’était pas pape”. Il a été élu pape en 2013 : il a donc eu 11 ans pour se renseigner sur ce sujet douloureux, ce qu’il n’a pas fait – même si je reconnais que ce n’était pas la première préoccupation de son pontificat. On attend autre chose du premier magistrat de la morale qui devrait reconnaître que les faits étaient connus de la hiérarchie et devrait les assumer. Il semble que l’Eglise catholique soit incapable de reconnaitre ses fautes et de les assumer. Sa seule stratégie est de cacher la vérité et d’attendre le plus longtemps possible que l’oubli passe son voile. Ce n’est pas ainsi que l’Eglise va reconquérir les cœurs. Je pense que beaucoup de catholiques sont profondément gênés par cette hypocrisie.
Sur un sujet annexe, l’élection américaine, le pape, à qui on ne demandait rien, renvoie dos à dos Kamala Harris considérée comme défendant “l’assassinat d’enfants à venir”, et Trump comme inhumain pour ses positions sur l’immigration. On retrouve la position de ce pape si courageux, Pie XII, qui en 1940 renvoyait dos à dos Hitler et les pays occidentaux. C’est bel et bien un bon réactionnaire que ce pape et, foi de parpaillot, on a bien raison de se méfier de tous ces mitrés.
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