Dernière initiative d’Emmanuel Macron : reconnaitre l’assassinat par l’armée française de Larbi Ben M’Hidi, un des six fondateurs du FLN algérien. Elle vient après plusieurs autres, comme la reconnaissance de l’assassinat de Boumendjel, celui d’Autin, la stèle à la mémoire d’Abdelkader à Amboise, la mise en place de la Commission mémorielle mixte. Macron est celui qui a été le plus loin. Mais sans succès. A chaque fois, la partie algérienne remet une pièce dans le compteur en demandant d’autres gestes, la repentance de la France, le nettoyage des sites d’essais nucléaires du Sahara, l’indemnisation des populations.
Certes, la France a une lourde responsabilité envers les Algériens qu’elle a traités en citoyens de seconde zone (un million d’Européens pesaient électoralement autant que neuf millions d’Algériens), à qui elle demandait de s’acquitter d’un impôt spécifique, l’impôt colonial, où les meilleures terres étaient accaparées par 1 à 2 % de colons français – sans parler de la guerre qui a fait 250 000 victimes algériennes et deux millions de déplacés dans des conditions honteuses.
On peut ajouter, sans que cela touche les Algériens, la guerre civile entre Français déclenchée par les extrémistes de l’OAS et autres groupes d’extrême-droite. Tout cela vient de la stupidité des Français d’Algérie, de leur refus de toute réforme, de leur racisme. On comprend la volonté du peuple algérien de les combattre. Les Français d’Algérie n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes et à leur aveuglement, mais ils en ont payé le prix étant chassés en quelques mois de ce qui était leur pays et leur patrie.
Cela n’efface pas les horreurs commises par le FLN, les 10 000 civils Français tués.
La récente reconnaissance de la “marocanité” de l’ex Sahara espagnol par la France a courroucé Alger qui en tire prétexte pour suspendre de nouveau les relations diplomatiques et autres (c’est une manie algérienne).
En réalité, la haute hiérarchie militaire algérienne utilise tous les moyens pour conserver sa mainmise sur le pouvoir politique et sur la rente pétrolière. Cela dure depuis que Boumedienne a renversé Ben Bella (1965) et pour cela un bouc émissaire est bien utile.
La France doit surtout défendre ses intérêts et clairement ils sont aujourd’hui du côté du Maroc. L’Algérie a perdu la main et n’est plus la puissance tiers-mondiste qu’elle était. Elle sert à fournir du gaz à l’Europe à la place de ses amis russes, elle ne s’est pas développée depuis 1962, elle s’est fermée au tourisme et se trouve en délicatesse avec les pays frontaliers du sud comme le Burkina ou le Niger, car elle sert de refuge aux katiba djihadistes qui pullulent sur leur frontière commune. Il y a quelques jours, sa candidature aux BRICS a été rejetée alors même que six nouveaux pays en devenaient membres.
Pourtant tant de liens nous unissent à l’Algérie et au peuple algérien (sept millions de personnes vivant en France ont un lien avec ce beau pays). Espérons que nous pourrons reprendre une relation amicale et fraternelle dès que la clique militariste au pouvoir aura été chassée.
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