14 novembre 2024

Trump et l’Europe

J’ai déjà écrit que j’espérais que l’élection de Trump (à l’époque hypothétique) pourrait être l’occasion d’un “choc” politique pour l’Europe et qu’elle prendrait conscience de l’impérieuse nécessité d’avancer vers une Union forte. Eh bien nous y voilà. Les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 sont réunis à Budapest, chez Orban, l’ami de Poutine, pour évaluer les conséquences de l’élection présidentielle américaine.

Nous nous sommes tous trompés, avec une critique trop facile et simple de Trump : démagogue, populiste, cryptofasciste, incohérent, inculte, machiste. Certes tout cela est vrai, mais n’a pas empêché les Républicains de gagner haut la main l’élection présidentielle, y compris les sept « swing states” , la majorité à la Chambre des Représentants, celle du Sénat, les gouverneurs rééligibles. Les démocrates et la candidate n’ont pas vu qu’une partie importante de l’électorat était prête à croire n’importe quelle sottise et mensonge, du moment qu’on leur promettait un meilleur pouvoir d’achat, une action contre les migrants, de nouveaux marqueurs identitaires. Et nous, la bonne gauche socialdémocrate pro européenne, nous l’avons cru. Or ce n’est pas ce que voulaient les hommes américains de 18-29 ans, y compris noirs et latinos : ils voulaient du spectacle, du muscle, de la haine. L’Amérique est divisée mais c’est parce qu’une partie des votants le veulent.

 Nous allons voir ce qu’il en ressort. Seul notre intérêt national et européen doit nous guider : c’est d’abord bien sûr défendre l’Ukraine pour empêcher les hordes cosaques de camper sur la Moldau. Pour cela, il nous faut une politique d’armement et une action militaire coordonnées, et ne pas hésiter à frapper des objectifs militaires sur le sol russe : la faiblesse n’est pas une langue que Poutine parle. Ayons le courage de le faire. Mais plusieurs pays européens, à commencer par l’Allemagne, ne croient qu’au parapluie nucléaire américain.

Je propose donc que la France accepte de mettre sa force de dissuasion sous une autorité politique commune franco-allemande. Le rapport Draghi recommande que nous investissions dans les énergies nouvelles, dans l’intelligence artificielle, dans les transports. Espérons que nos dirigeants trouveront le chemin d’actions communes dans ces domaines ainsi que les financements nécessaires (800 à 1000 milliards € par an).

Côté Trump, nous devons mener la même politique douanière que lui : les entreprises américaines comprendront le message.

Richard Yung

Richard Yung, Sénateur des Français de l'étranger de 2004 à 2021, partage ici ses réactions à l'actualité.

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