Je viens de reposer le très beau livre de Roberto Saviano (Gallimard), une biographie sous forme de roman du juge Giovanni Falcone. Roberto Saviano a déjà publié “Gomorra”, histoire de la Camorra napolitaine, qui lui vaut de vivre sous protection policière. Falcone, juge d’instruction puis membre du pool antimafia créé par le juge Rocco Chinnici au tribunal de Palerme, se consacra à la lutte contre la mafia et en particulier contre les Corléonais dirigés par Toto Riina. De nombreux collègues juges ou procureurs furent assassinés : Cesare Terranova, Rocco Chinnici, Borsalino, sans compter des chauffeurs et gardes du corps.
Il leur fallu beaucoup de courage pour continuer leur combat, d’autant qu’ils n’étaient soutenus que mollement par leur hiérarchie. Grâce aux aveux de Tommaso Buscetta, repenti, Giovanni Falcone et d’autres menèrent à bien le maxi-procès de Palerme en 1986, à l’issue duquel plus de 400 condamnations furent prononcées. Falcone vécut lui aussi sous protection policière (70 gardes du corps) 24h sur 24. Cela n’empêchera pas Toto Riina de le faire assassiner avec son épouse et trois gardes du corps. 700 kilos de dynamite avaient été placés sous l’autoroute de l’aéroport.
Il est considéré comme un saint par une partie importante de la population italienne. Une sorte de culte s’est créé autour de lui. C’est un exemple très fort de courage dans la recherche de la vérité et de la lutte contre ce cancer que sont les différentes mafias, italiennes mais aussi européennes et bien sûr sud-américaines, dont l’emprise se développe dans nos pays.