Vevey est un charmant petit port du canton de Vaud, près de Lausanne, au pied des vignes escarpées qui donnent de si bons vins blancs. De nombreux grands palaces – un peu surannés – donnent sur le lac. Une belle promenade en suit le bord, et l’été on peut y déguster toutes sortes de delikatessen : glaces, gaufres, saucisses du pays de Vaud, avec un vin dont le nom se termine toujours en az. Une statue en bronze de Charlie Chaplin, le magicien volant, qui a longtemps habité à Vevey, rappelle son souvenir. Un vrai paradis (et pas que fiscal), on vous dit.
Mais, méfiez-vous, le diable n’est jamais bien loin. Vers l’ouest un très beau bâtiment en verre posé au bord de l’eau retient l’attention : le siège social de Nestlé, une des plus importantes sociétés du monde, construit par un architecte célèbre. Il est vrai qu’avec un chiffre d’affaires annuel de 100 milliards de francs suisse l’entreprise pouvait embellir ainsi la ville de Vevey.
Entreprise plus que centenaire Nestlé est le premier fabricant de produits alimentaires de toutes sortes dans le monde. Elle couvre les aliments pour bébé, le lait, les nourritures pour les animaux, les eaux minérales, les friandises chocolatées, et bien d’autres. Son logo montre un nid avec deux oisillons protégés par leur mère. Bien sûr elle s’enorgueillit des valeurs suisses que sont la propreté, l’intégrité, la qualité.
La réalité est malheureusement bien différente. Nestlé n’hésite pas à recourir au mensonge, à la dissimulation, à la tromperie pour cacher les vices de ses produits. Quelques exemples parmi les plus récents : les pizzas Buitoni qui ont causé plusieurs décès, mais que la société ne voulait pas retirer du marché ; les changements d’étiquette sur du lait périmé en Amérique latine; et, dernier exemple – il y en aurait bien d’autres – les eaux Perrier impropres à la consommation mais que Nestlé trafiquait avec des filtres et autres procédés interdits. Elle a été jusqu’à acheter la complaisance de la Présidence de la République française. Les bras vous tombent de pareille vilenie … dire que l’on critique la corruption de certains pays africains ou sud-américains !
C’est d’ailleurs la Suisse tout entière qui donne dans la canaillerie en abritant une grande partie de l’argent volé ou détourné dans le monde par des dictateurs corrompus qui s’abritent dans de magnifiques propriétés au bord du Léman, des grands dépôts d’objets d’art volés – soi-disant sous douane – et des centaines de millions, de milliards de francs suisses dans les belles banques si propres et avenantes à Zurich, Genève ou Bâle.
Nous pouvons également parler des biens juifs spoliés par les nazis pendant la seconde guerre mondiale, placés pour plus de sécurité en Suisse, pays ami, et qui ont été “oubliés” de restitution, profitant ainsi aux banques suisses. Et pendant la guerre, les Suisses se réclamant de leur soi-disant neutralité alors qu’ils faisaient commerce d’armes et de matières premières avec le Reich contre les Alliés.
C’est avec humour que l’on contemple, dans le jardin de la Perle du Lac à Genève, au bord du Léman, le monument aux Morts pour les Suisses tombés pendant la seconde guerre …
Ah vraiment l’air ne sent pas bon au pied des Alpes !
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