En attendant que les dirigeants européens se décident à faire quelque chose pour répondre aux attaques permanentes de la Maison Blanche, arrêtons-nous sur le cas d’un pays africain qui parmi une cinquantaine d’autres doit faire face à une augmentation des tarifs douaniers à l’entrée aux Etats-Unis. Il s’agit de Madagascar, un des pays les pauvres du monde. L’augmentation des taxes douanières qui le vise est de 47%. Seul le Lesotho se voit infliger une hausse plus forte, de 50%. La méthode de calcul de ces augmentations est absolument incompréhensible : le déficit commercial avec les Etats-Unis est divisé par les exportations du pays, le tout divisé par 2…
Ajoutons, juste pour rire, que la Russie, la Biélorussie, la Corée du Nord et Cuba sont exemptés de toute hausse, sans doute parce que ce sont de vrais amis des Etats-Unis.
Dans le brouillard qui préside aux décisions du grand tricheur, il n’est pas clair si le tarif spécial accordé par les Etats-Unis aux pays en développement (African Growth and Opportunity Act -AGOA) est aboli ou non. Même l’ambassade US à Madagascar ne le sait pas.
Pays très pauvre, une des seules exportations de l’île est celle de la vanille dont elle est le premier producteur mondial avec 4400 tonnes en 2024, représentant 26% des exportations totales soit 512 millions de dollars. Or la situation n’y est déjà guère florissante : le prix mondial de la vanille est passé de 250 dollars le kg à 47 à la suite de la “libéralisation” du marché décidée par le gouvernement malgache. Le prix d’achat a donc chuté de 93% au cours de la dernière campagne ; il est à craindre que la hausse du prix à travers la taxe douanière n’entraîne une chute encore plus importante des ventes, probablement autour de 5 dollars le kilo. Le paysan malgache de la région de la Sambava-Vohémar ne pourra pas y faire face ni survivre puisque le prix d’équilibre est de l’ordre de 10 dollars.
Merci à Trump d’avoir ainsi ruiné une des rares régions malgaches qui contribuait à l’économie du pays.
Ces taxes frapperont aussi les zones franches qui ont créé des milliers d’emplois dans le textile même si on peut en discuter le principe.