Je trouve que Darmanin est un bon ministre de l’Intérieur, poste casse gueule s’il en est. Mais ses origines politiques de droite se retrouvent malheureusement dans son projet de loi immigration, le 22ème depuis 1990. Chaque année au Parlement, on lance un “grand “ débat sur l’asile et l’immigration comme on le fait sur “l’identité française”. L’idée est de répondre aux crétineries de Zemmour, et maintenant que le RN s’efforce d’être présentable, dans une moindre mesure, à celles de Marine Le Pen, sur le “grand remplacement”, sur la criminalité des migrants, sur le coût des prestations reçues par eux… Une partie de la gauche, une grande partie de la Macronie et de manière subtilement déguisée des mélenchonistes, pensent que ces idées sont populaires et qu’il faut montrer que l’on combat toutes ces dérives.
Pour l’essentiel, ce sont des bêtises construites sur des mensonges :
- le nombre de migrants officiels reste à peu près constant
- idem pour les “ sans-papiers “, de l’ordre de 150000
- les seules prestations que touchent les sans-papiers sont l’aide sociale à l’enfance et l’aide médicale d’urgence
- peut-on assister à la mort de 20 à 30000 personnes chaque année par noyade en traversant la Méditerranée ?
- on a besoin de 800000 personnes pour équilibrer le marché du travail
Nous sommes le seul pays européen à agir de la sorte. Une des raisons en est la centralisation des questions d’immigration au ministère de l’Intérieur, très réticent, et aux préfets qui sont jugés sur leurs nombre de rejets voire d’OQTF exécutés. Tout le monde sait que ce système ne fonctionne pas, d’une part puisque les sans-papiers sont difficiles à identifier, et parce que les pays de destination refusent de reprendre les expulsés. Même en ayant réduit de 50% le nombre de visas accordés aux pays du Maghreb, il n’y a pas de progrès.
Comment fait l’Allemagne pour accueillir bien plus d’immigrés que nous (jusqu’à un million lors de la crise syrienne) sans que ce soit un sujet de polémique ? Une des raisons est que l’intégration des migrants est du ressort des municipalités qui leur apprennent la langue, les logent et leur trouvent un emploi.
Ne pouvons-nous pas en faire autant, et laisser les maires décider combien de migrants peuvent venir chez eux ? C’est bien ce que nous avons fait pour les Ukrainiens.
© Xavier Popy/Réa