Je ne suis pas un fan de football, alors que le rugby que j’ai joué en universitaire (seconde ligne) m’enthousiasme. Le football est pour moi un sport comme un autre, élégant, attirant de grands talents mais abimé par deux choses : l’argent et le nationalisme.
Sur l’argent je n’ai pas grand-chose à dire, sinon que les jeunes joueurs de 20 ans qui touchent 1 million d’euros par mois, ce n’est pas convenable même si le fisc leur en prend 60%. S’y ajoutent tous ces parasites, escrocs de toutes sortes qui gravitent autour, affolés comme de phalènes par cet argent facile. Les choses s’aggravent au Qatar où l’argent facile coule à flot, sans que personne ne travaille sauf les Indiens et Congolais.
Le nationalisme sportif m’a toujours paru ridicule : considérer mon pays (ou n’importe lequel) comme supérieur (telle est la définition du nationalisme) parce que 11 garçons (dont la moitié ne sont pas du pays) ont bien couru et marqué des buts me parait ridicule, grotesque.
Pourtant samedi soir, revenant de Paris, j’ai regardé la seconde mi-temps du match de coupe du monde France – Royaume-Uni avec un sentiment de déchirement, puisque je suis moitié anglais par ma mère et français par mon père. Et ce n’est pas seulement le lien du sang, car j’ai été élevé en partie en Angleterre. Je me sens aussi anglais que français. Pour ce match, ma réponse était simple : je soutiens la meilleure équipe. Mais n’est-ce pas la française qui avait été un peu molle contre une Angleterre dynamique ? Le but d’écart n’était-il pas dû seulement à la chance ?
Le match de demi-finale France-Maroc revêt un autre caractère : toute l’Afrique et le monde arabe le ressentent comme une revanche contre l’Europe. Même les plus modérés et contrôlés sentent cela. Il faut comprendre ce sentiment qui ne relève pas du sport mais de la colonisation. Je pense que même les franco-marocains se sentiront plutôt marocains demain soir.
N’empêche, que le meilleur gagne !