J’ai deux raisons de saluer Erik Orsenna.
En premier, je viens de finir l’époustouflant livre qu’il a publié en 2007 avec Isabelle Autissier « Salut au Grand Sud », récit d’une croisière à la voile d’Ushuaïa (Patagonie) vers l’Antarctique à travers le canal de Drake jusqu’à la mer de Weddell, puis en longeant la côte ouest de ce continent. Ce livre écrit à deux mains sous forme de “journaux” entre croisés rend compte de tout ce que vit un navigateur en mer, encore plus sous ces latitudes extrêmes : mauvais temps (ici il s’agit de tempêtes), mer déchaînée, danger des icebergs, avaries multiples et en tout genre, difficultés de mouillage sur la glace….
Nous avons fait le même itinéraire il y a un an mais sur un paquebot confortable, bien protégés du froid. Mais cela fait tout de même plaisir de retrouver les mêmes lieux, les mêmes noms : îles Adélaïde, Mutton, Roi George, Deception entre autres. Ernest Shackleton, John Ross, le commandant Charcot nous y accompagnaient.
Deuxième raison, le pamphlet sous forme de conte “Histoire d’un ogre” (Gallimard) qu’il vient de publier contre Bolloré et sa mainmise sur tous les médias possibles : l’édition, la télévision, les journaux, etc. Erik Orsenna s’insurge non seulement contre cette monopolisation progressive de la pensée et de l’information, mais aussi contre la brutalité inouïe de ce chef d’entreprise, sorte de Gengis Khan des temps modernes. On a pu en avoir un avant-goût lors des dernières élections présidentielles avec la fabrication du fantoche Zemmour (nationaliste, raciste, souverainiste) à partir de rien, mais passant tous les jours sur CNews, dans la presse bolloréenne. Dieu merci le peuple français a plus de bon sens et a renvoyé ce guignol à ses 7%.
Orsenna a raison de tirer la sonnette d’alarme : il nous faut un cadre réglementaire qui empêche les Bolloré et autres Murdoch de contrôler nos libertés.
©CC BY 3.0 Marie-lan Nguyen