On est toujours surpris par les prix que peuvent atteindre des oeuvres d’art : tableaux, statues, tissages, livres. A l’origine il s’agit pourtant de matières premières simples : une toile, une plaque de bois, un canevas, du bronze, du papier et de la peinture. S’y ajoute le travail de l’artiste.
Au départ, lorsque celui-ci est peu connu, l’œuvre se vend à un prix raisonnable (500 à 1 000€ pour une toile), plus pour une sculpture car le temps travaillé et les techniques de fonderie sont coûteuses.
Si le succès vient, le prix peut s’envoler jusqu’à des niveaux astronomiques. Comment cela se fait-il ? C’est le marché qui fixe ces prix : si on trouve un acquéreur à ce prix, c’est le bon prix. Le marché peut être manipulé par les vendeurs d’art, les galeries, de façon à créer artificiellement une cote qui va guider les ventes.
On le voit, tout cela est bien artificiel mais comment faire autrement ? Comment les artistes peuvent-ils toucher leur public ? Il y a bien les salons, très populaires au 18ième et 19ième siècles, qui étaient aussi la principale source d’art pour l’Etat. Mais ils ne sont plus à la mode, sauf quelques exceptions. En outre ce sont les galeries qui gèrent ces salons.
Un autre point mérite considération : l’appropriation privée de l’œuvre. Si l’on est riche, on peut s’approprier l’œuvre, et être le seul à pouvoir en jouir. C’est une capacité choquante qui soustrait l’œuvre à la connaissance et au plaisir du plus grand nombre – mais c’est aussi le corollaire de l’achat.
Pourrait-on imaginer un marché entièrement public, où toutes les oeuvres seraient achetées par la puissance publique, quelle qu’elle soit, à un prix fixé, et seraient disponibles dans des musées ? Non car nous aurions là un art “officiel” (voir le IIIème Reich).
Par contre, il faudrait une commande publique et d’entreprise plus importante : elle n’empêcherait pas les artistes de créer, mais assurerait une plus grande circulation des oeuvres.