La dissolution par le Président de la République de l’Assemblée nationale hier soir, quelques instants après les résultats médiocres – sinon plus – de “la majorité présidentielle”, surprend de nombreux commentateurs. Encore plus les partis et femmes et hommes politiques.
Pour ma part, j’y vois deux raisons.
La première est que l’Assemblée était devenue ingouvernable : le comportement des “élus” LFI, déguisés, brandissant des drapeaux, des cercueils avec le nom des ministres, en faisait une cour de récréation de maternelle et la risée de l’Europe entière. Rien de bon ne pouvait sortir de ces clowneries. D’autres députés d’extrême droite ajoutaient au concert de la honte.
La seconde est que les groupes parlementaires autres que Renaissance jouaient “à qui perd gagne” et qu’un jour ou l’autre, une motion de censure aurait été adoptée peut-être par erreur !
Le Président a voulu anticiper une telle situation et il a pris les devants. C’est de toute évidence un parti risqué. Ce qu’il espère c’est que les délais très courts de la campagne ne permettent pas d’accord sérieux à gauche, et que le second tour sera réservé à des duels Renaissance-RN. La discipline républicaine pouvant encore jouer, la gauche se reporterait sur le candidat Renaissance. Pari risqué car Macron ayant joué complètement avec la droite les électeurs de gauche se sont détournés de lui. Certains pensent à un stratagème encore pire : faciliter l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite pour qu’après quelque temps d’exercice elle perde la confiance des Français. Je ne crois pas à une telle hypothèse, l’histoire nous ayant appris qu’une fois en place l’extrême-droite est suffisamment habile pour y rester.
Et puis le fond bonapartiste de Macron revient au galop : le jeune et fringant général ne se laisse pas impressionner par les vieux caciques du Conseil des Anciens qui délibèrent à Saint Cloud où ils discutent à l’infini d’un mode de scrutin nouveau. Il faut trancher dans le vif et les hussards qui entourent le lieu des délibérations, volontairement éloigné de Paris, sont là pour cela. Et pourtant Bonaparte hésite. C’est l’abbé Sieyès et surtout son frère Lucien Bonaparte qui passent à l’action et tranchent le nœud gordien.
Je ne sais si Macron a eu la main qui tremble mais voilà, c’est fait ! Après tout, un bon général fait toujours l’affaire !