Le comité norvégien du prix Nobel vient de donner celui de Paix pour 2024 à l’association japonaise Nihon Hidankyo qui milite pour les survivants des deux bombardements atomiques sur le Japon en 1945. Vouloir aider ces victimes ou leurs descendants est certainement une cause juste et nous ne pouvons que partager la douleur qui a été la leur ou celle de leurs proches.
Mais l’association va plus loin puisqu’elle demande un moratoire sinon une interdiction sur l’utilisation de l’arme atomique. Là, on entre dans un univers beaucoup moins réaliste. Comment se fera la mise en œuvre ? Il y a certes un traité international pour l’interdiction des armes nucléaires, ratifié par plus d’une soixantaine de pays. Mais aucun pays disposant de ces armes ne figure dans la liste des signataires. Et puis quel pays commencera, et comment s’assurer que des dirigeants aussi pervers que Kim Jung Un (Corée du Nord) disent la vérité ?
De plus, l’arme nucléaire a permis un certain équilibre des forces depuis 1945. Lorsque les Etats-Unis ont décidé de son emploi contre le Japon en août 1945, c’est après un long débat. La guerre du Pacifique (Corregidor, Midway, Guadalcanal, Okinawa, Iwo Jima et tant d’autres) avait coûté 200 000 victimes aux Américains. Leur estimation était qu’une conquête du Japon par un débarquement à terre ferait probablement, de leur côté, de l’ordre de 500 000 victimes. C’est ce qui motiva le choix final de Truman.
Que l’association sus nommée continue à oeuvrer est légitime. Mais quand on est une puissance nucléaire comme la France on y réfléchit à deux fois avant de s’engager dans la voie du désarmement unilatéral.