La France a opposé lundi 18 juillet une fin de non-recevoir aux propositions avancées par la présidence polonaise de l'UE pour déroger à la règle imposant au pays d'arrivée de traiter les demandes d'asile, a indiqué lundi le ministre chargé des Affaires européennes Jean Leonetti, rapporte l'AFP, cela à l'occasion de la réunion informelle des ministres de l'Intérieur à Sopot, en Pologne.
« La Pologne fait d'excellentes propositions sur le fond (pour un système d'asile commun), mais sur la forme, on s'aperçoit qu'ils veulent dissocier Dublin II de l'ensemble du paquet (asile) », a regretté le ministre français. Il a ajouté que : « Nous sommes défavorables à l'idée de ne pas envisager le paquet dans son ensemble, parce que cela ne nous semble pas répondre à l'enjeu global que pose le problème des flux migratoires. Supprimer ainsi Dublin II aboutirait à une possible déresponsabilisation des pays primo accueillants ».
La présidence polonaise entendait profiter de cette réunion pour demander aux 27 s'ils comptaient avancer sur le mécanisme d'urgence voulu par la Commission, conçu pour suspendre temporairement les renvois de demandeurs d'asile vers les pays de l'UE premièrement compétents en théorie. Un mécanisme qui, dans l'esprit de la Commission, aurait pour effet - dans des situations d'urgence- de soulager des pays au système d'asile mis sous tension par des flux migratoires importants.
La Pologne devait ainsi demander aux 27 s'il convenait de poursuivre les travaux sur la base de la proposition de la Commission, de la supprimer ou bien de traiter ce mécanisme d'urgence dans une proposition séparée, la préférence de la Pologne étant d'isoler le mécanisme de suspension de l'ensemble du paquet asile, tout comme d'isoler une autre proposition sensible, à savoir la proposition sur Eurodac, la base de données des demandeurs d'asile que les États membres veulent modifier pour permettre l'accès des forces de police à cette base.
La Belgique, le Portugal et les Pays-Bas sont parmi les pays qui se sont déclarés en faveur de cette idée polonaise. Mais la France, suivie par l'Allemagne, la Finlande et la Suède ont clairement dit non et souhaité que le paquet asile reste intact. Pour eux, cela reviendrait simplement « à déplacer le problème », a fait observer une source, et non à le régler.
Les 27 se sont en tout cas engagés le 24 juin dernier à finaliser le paquet asile et le fameux régime européen commun en matière d'asile d'ici à la fin 2012 et à Sopot, poursuit cette source, il s'agissait déjà pour la présidence polonaise de « prendre la température » auprès des États membres.