L’Union Européenne ne pouvait espérer meilleure nouvelle. Le comité Nobel norvégien lui a décerné aujourd’hui le prix Nobel de la paix. Cette décision me parait bienvenue dans le contexte politique et économique européen actuel qui met à rude épreuve la solidarité entre pays de l’Union.
Elle ne fera certainement pas taire les eurosceptiques qui se délectent de tirer à boulets rouges sur la construction européenne et ont déjà moqué l’annonce du comité. Pourtant, s’il est une avancée incontestable à laquelle l’Union européenne a largement contribué depuis son existence, c’est bien la pacification du vieux continent et la recherche de la paix dans le monde. Le président du comité a ainsi rendu un hommage mérité à « l’Union et ses ancêtres qui ont contribué depuis plus de six décennies à promouvoir la paix, la réconciliation, la démocratie et les droits de l’Homme en Europe ».
Née sur les cendres d’une Europe dévastée par des guerres fratricides dont l’horreur a culminé dans la première moitié du XXe siècle, la communauté européenne s’est construite autour de la volonté ambitieuse de créer les conditions d’une paix durable entre les nations européennes – cette paix perpétuelle dont rêvait déjà Kant. Le pari de l’unification était osé mais les pays ont su se retrouver et fonder une communauté sur des valeurs partagées de démocratie, de liberté et de solidarité. En faisant tomber les frontières entre des pays autrefois ennemis, l’Union Européenne a dressé un rempart commun contre la guerre dont la menace semble aujourd’hui écartée.
La paix n’est cependant jamais acquise comme l’histoire l’a trop bien montré à nos dépends. Aussi, le message de cette distinction me semble clair : si l’Union Européenne a déjà répondu aux plus grandes attentes en matière de paix, elle ne doit cesser de consolider cette réussite en Europe et devra à l’avenir, plus encore que par le passé, assumer pleinement son rôle moteur dans la promotion de la paix dans le monde, de la démocratie et des droits de l’Homme.
Enfin, si cette distinction honore l’Union Européenne pour son action en faveur de la paix, elle ne doit pas faire oublier les problèmes auxquels l’Union est aujourd’hui confrontée. Je crois au contraire qu’elle suscite de nouveaux espoirs et confère à l’Europe de nouvelles responsabilités, notamment la recherche de la paix sociale dissipée sous l’effet de la crise actuelle. Il faudra pour cela continuer sur la voie de l’intégration et de l’unification en construisant une véritable Europe fédérale au service des peuples.