Depuis 2010, la Banque centrale européenne (BCE) a déployé tout un arsenal de mesures, de moins en moins conventionnelles, qui sont favorables à la reprise économique.
Déterminé à sauver l’euro « quoi qu’il en coûte », l’institut de Francfort a développé, dans le respect de son mandat, plusieurs instruments de politique monétaire destinés à endiguer la crise de liquidités que traverse, à des degrés divers, le secteur bancaire européen: baisse des taux; prêts à long terme; rachats de titres privés; rachats de titres publics (le programme OMT n’a pour l’heure jamais été utilisé); assouplissement quantitatif.
Déjà mis en œuvre aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Japon, le programme d’assouplissement quantitatif vise à relancer le crédit bancaire et prévenir le risque de déflation généralisée au sein de la zone euro. Concrètement, il consiste en l’acquisition, sur le marché secondaire, de 60 milliards d’euros mensuels de créances privées et publiques. Prévu pour durer jusqu’en septembre 2016, il devrait in fine atteindre près de 1.140 milliards d’euros, soit 10% du PIB européen. Ses premiers effets sont encourageants, un niveau d’inflation à 1,8% étant désormais attendu en 2017. Ses nombreux effets secondaires ne doivent cependant pas être négligés (risque pour l’épargne et le secteur de l’assurance ; risque obligataire ; bulle spéculative ; etc.).
Parallèlement à la mise en œuvre des mesures de politique monétaire, la BCE a développé un véritable magistère de la parole (conférences de presse, publication des minutes des réunions du conseil des gouverneurs, etc.). Elle est ainsi devenue une véritable banque centrale, dotée d’une stratégie lisible à long terme.
La crise financière traversée par les banques européennes a également conduit les États membres de l’UE à confier à la BCE la mission de superviser les banques au sein de la zone euro, dans le cadre de l’union bancaire. Mis en place en novembre 2014, le Mécanisme de supervision unique (MSU) doit permettre de faciliter la transmission de la politique monétaire de la BCE. Le succès des mesures prises par l’institut de Francfort dépend, en effet, de la qualité du système financier européen.
Afin de mieux comprendre l’évolution du rôle de la BCE face à la crise, Fabienne KELLER (Bas-Rhin, Les Républicains), Éric BOCQUET (Nord, Communiste) et moi-même avons publié, au nom de la commission des affaires européennes du Sénat, un rapport d’information, dont vous pouvez prendre connaissance en cliquant ici.