À la suite du débat que nous avions lancé au Sénat le 10 février sur la protection temporaire des réfugiés, Louis Mermaz, Catherine Tasca, Bariza Khiari et moi-même avons rencontré des réfugiés afghans et d’autres pays ainsi que les principales associations qui, sur Calais, apportent du soutien aux réfugiés (voir le compte-rendu complet). La visite était organisée par France terre d’asile (directeur général : Pierre Henry). Nous avons été rejoints par le député de Calais, notre camarade Gilles Cocquempot.
Les associations ont expliqué, dans un tour de table, leurs activités sur le Calaisis et le Bourbonnais (soutien matériel, psychologique, aide à la procédure, …). Le principal problème est l’attitude résolument hostile du gouvernement qui cherche à se débarrasser de ces visiteurs (pour eux tous indésirables) tout en voulant les montrer (un peu) à la télévision pour alarmer (un peu) papy et mamy mais trop quand même car si cela se savait que la politique du tout sécuritaire de Sarkozy n’avait aucun effet, ce ne serait pas bon.
Alors, comment s’en débarrasser ?
- Expliquer à tout le monde qu’ils ne veulent en aucun cas demander le statut de réfugié en France car leur objectif est de passer en Grande-Bretagne. C’est vrai pour une partie d’entre eux à cause de la langue, des relations de famille et d’amis qu’ils peuvent avoir en Angleterre.
Ces pauvres gars paumés, pourchassés sont aussi entre les mains de passeurs qui ont intérêt à leur faire miroiter la Grande Bretagne comme terre promise car cela représente 1500 à 2000 € de profit pour eux. - Ne pas appliquer la législation française, par exemple en n’envoyant pas les lettres de convocation (ils sont domiciliés auprès des associations) de manière à pouvoir ensuite dire que le demandeur d’asile n°XXX n’a pas respecté la procédure.
- Enfin, et c’est le plus choquant, en harcelant les réfugiés, en les chassant de leurs maigres abris contre le froid et la pluie, en confisquant, voir en détruisant leurs sacs de couchage ; en harcelant ceux qui leur portent aide en les menaçant, en les poursuivant en justice,... Il est triste qu’il se trouve des serviteurs de l’État en France en 2010 pour avoir de telles pratiques qui rappellent d’autres périodes de notre histoire.
Notre devoir sera de rétablir les conditions d’un droit d’asile respectueux des droits de l’homme (cela fera rire les cyniques, tant pis) et qui offrent à ceux qui le souhaitent (environ la moitié) un asile en France. Ils sont jeunes et prêts à travailler, à s’intégrer comme nous avons pu le constater en visitant un café tenu par un afghan.
La suite de la visite, aux repas chauds distribués sur le port par l’association « la belle étoile » (et d’autres) tous les jours de la semaine. Nous avons pu parler à plusieurs d’entre eux (avec un interprète).
Ce qui frappe c’est la jeunesse de ces hommes (il n’y a aucune femme), leur courage et leur isolement. Ce sont des hommes comme vous et moi et qui ont fui un pays en guerre ou un pays sans avenir pour eux. Mais leur volonté est impressionnante.
À nous de changer la loi et la pratique en France mais surtout au niveau européen où les idées pernicieuses de M. Besson continuent de faire des ravages.