Communiqué de la Fédération des Français à l’étranger du PS
2 000 cadavres repêchés depuis le début de l'année. Quand ceux nés du bon côté de la Méditerranée se baignent en cette période estivale, d'autres se noient. L'ambivalence de ce tableau marin nous est à tous insupportable. Pourtant, il s'installe insidieusement. Selon les chiffres compilés par l'ONU pour le premier semestre 2015, 137 000 personnes ont essayé de franchir les frontières extérieures de l’UE que ce soit par la Méditerranée ou par la route des Balkans : ces hommes, ces femmes et ces enfants (qui représentent plus de la moitié des réfugiés) mettent leur vie en jeu pour fuir des pays en guerre, Syrie et Somalie, des régimes dictatoriaux, tel que l'Érythrée, des flambées de violences djihadistes ayant cours au Nord Mali et au Nord Nigéria, l’instabilité induite par les Printemps arabes ou tout simplement l’extrême pauvreté. Tout au long des milliers de kilomètres parcourus, le racket des passeurs, les violences et viols, et parfois même l’esclavage dans le Sinaï constituent les étapes de ce calvaire humain que connaissent bon nombre de réfugiés. La dureté des épreuves subies remet en cause le droit légitime de tout être humain à une vie digne et sûre.
Alors qu'il y a eu 2.8 millions de réfugiés supplémentaires entre 2013 et 2014, la Fédération des Français de l’Etranger du Parti Socialiste (FFE-PS) appelle l’ensemble des pays européens à appliquer les dispositions de la convention de Genève sur l’asile. Si le contrôle des frontières et la lutte contre les filières criminelles de passeurs s’avèrent essentiels, la FFE-PS s’oppose à l’idée d’une fermeture des frontières européennes intérieures et extérieures qui relève d’une myopie condamnable en alimentant les discours populistes et démagogiques tout en attisant les feux de la xénophobie. Ériger murs et barbelés ne saurait en aucun cas constituer une solution durable et honorable pour une Europe, dont la forme actuelle doit beaucoup à la chute du mur de Berlin supposé bloquer les migrations, et dont le « vivre ensemble » est façonné par le droit fondamental de ses citoyens à la libre circulation garanti par la convention Schengen.
Ainsi, la FFE-PS exprime sa solidarité avec les pays d’accueil des réfugiés et tient à saluer la première réponse humanitaire apportée par l’Italie avec l’opération Mare Nostrum. Injustement critiquée par les droites réactionnaires européennes comme créant un supposé appel d’air, Mare Nostrum a sauvé la vie à près de 150 000 personnes jusqu’à son arrêt en octobre 2014. L’initiative Triton, lancée en novembre 2014 et gérée par l’Agence Frontex puis renforcée en avril 2015, relève malheureusement d’une approche sécuritaire limitée à la protection des frontières européennes dans les eaux italiennes et souvent loin des zones de naufrage des embarcations.
En ce mois d’août 2015, la FFE-PS prend note des avancées politiques de la France et de l’Allemagne pour dépasser la seule approche sécuritaire. L’appel du 24 août du président François Hollande et de la chancelière Angela Merkel pour la mise en œuvre d’unsystème unifié de droit d’asile et la mise en place de centres d’accueil en Grèce et en Italie constitue à ce titre un premier pas. Face à cette situation exceptionnelle, la FFE-PS demande aux Etats membres de l’Union européenne de renforcer leur coopération : une unification des procédures d’asile et la mise en place de centres d’accueil européens appellent un financement européen, approfondir la coopération européenne en matière de renseignement sur les filières illégales et entre les polices (formation, check point d’urgence) mais aussi repenser notre approche commune des migrations et de la mobilité face aux réalités du XXIème siècle.