Brice HORTEFEUX, le ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire, a de nombreuses qualités. Chargé par Nicolas SARKOZY de la mise en place de la politique d’immigration, il s’est donné corps et âme à cette tâche pourtant bien ingrate et mal vue non seulement de la gauche et des milieux chrétiens mais aussi des pays africains et arabes.
Il a créé de toutes pièces un ministère doté d’un budget de plus de 510 millions d’euros – ce qui n’est pas rien en ces temps de crise. Il a également obtenu la cotutelle des consulats et de la politique d’attribution des visas, ce qui a entraîné un transfert de personnels du ministère des Affaires étrangères au ministère de l’immigration. En novembre 2007, il a fait adopter une loi – la troisième depuis l’arrivée au pouvoir de la droite – durcissant encore davantage les conditions de délivrance des visas et des cartes de séjour et créant dans les consulats français une véritable psychose de la fraude. N’oublions pas non plus que c’est lui qui a instauré les détestables tests ADN afin de rendre plus difficile le regroupement familial. Plus récemment, il facilité l’adoption de la directive retour, qui a institutionnalisé à l’échelle européenne l’enfermement des étrangers en situation dite irrégulière. Et depuis plus d’un an, il parcourt le continent africain afin d’acheter le soutien des principaux dirigeants de la Françafrique à sa politique coupable.
Brice HORTEFEUX est également tenace et rancunier. Il ne cache plus son hostilité pour le service œcuménique d’entraide, plus communément désigné sous l’acronyme CIMADE. Cette organisation créée en 1939 par des protestants est chargée d’informer et d’aider les étrangers à exercer leurs droits. C’est à ce titre qu’elle intervient depuis 1984 dans tous les centres de rétention administrative (CRA) où sont placés les étrangers en situation dite irrégulière. Ses intervenants, militants et bénévoles, les assistent juridiquement et moralement face aux préfectures et à la police. Par sa longue expérience, la CIMADE a une excellente connaissance des questions liées à l’immigration, à l’asile et à la rétention.
Ce travail remarquable est aujourd’hui très sérieusement menacé. Agacé par les nombreuses critiques – pourtant justifiées – formulées par la CIMADE, M. HORTEFEUX a décidé d’en finir avec la situation de monopole de fait dont elle bénéficie actuellement. Pour ce faire, il a signé un décret répartissant les CRA en huit lots et réduisant la mission à un simple travail d’information. Parallèlement, le gouvernement a lancé un appel d’offre auquel les grandes associations comme le Secours catholique, le Secours populaire, la croix Rouge,... , ont décidé, par solidarité avec la CIMADE, de ne pas répondre. Il s’est trouvé d’autres associations jouer le jeu gouvernemental dont une entité créée par l’UMP (avec pour objet la défense du drapeau et de l’hymne national !) et présidée par un cadre du ministère de l’immigration. L’exigence d’indépendance et d’objectivité qui s’attache au contrôle de ces lieux de privation de liberté est donc directement remise en cause. En effet, si cet organisme lié à un parti politique remportait le marché, elle « régnerait » sans partage sur de nombreux CRA. L’objectif du gouvernement est donc bel et bien de chasser la CIMADE par tous les moyens afin d’interdire tout contrôle démocratique dans les CRA.
Pour ne pas déserter le champ de bataille, la CIMADE a décidé de déposer un recours devant le conseil d’Etat afin de demander l’abrogation du décret du 22 août. Cette action fait suite au référé qui a été déposé par d’autres associations contre l’appel d’offre. Nous devons tous nous associer à ce combat citoyen car sinon une chape de silence risque de s’abattre sur les centres de rétention. J’invite donc toutes celles et tous ceux qui sont attachés à la défense des droits de l’homme et des libertés fondamentales à soutenir la CIMADE en signant notamment la pétition à laquelle renvoie le lien ci-dessous.
http://www.placeauxdroits.net/petition2/index.php?petition=5
Richard YUNG