Dans son rapport annuel qu’elle vient de publier, la Cour des comptes tire la sonnette d’alarme sur les dérives de l’Audiovisuel Extérieur de la France depuis sa réforme en 2008.
Cette réforme allait dans le bon sens en permettant un rapprochement de RFI, France 24 et TV5 Monde afin de mettre un terme à la dispersion des initiatives, et donc des moyens, dans le domaine de l’action audiovisuelle extérieur de la France. Elle est pourtant loin d’avoir rempli les objectifs qui l’ont justifiée. Déjà déstabilisé par un conflit ouvert entre son ex-PDG Alain de Pouzilhac et sa numéro 2 Christine Ockrent, l’AEF s’est heurté aux syndicats de salariés qui ont retardé la fusion des différentes entreprises. La dérive financière de l’établissement est également pointée du doigt par la Cour.
Alors que la réforme était censée être source d’économies, des plans d’affaires jugés irréalistes par la Cour et des plans sociaux plus couteux que prévu ont entrainé l’explosion des besoins de financements publics, ceux-ci passant de moins de 300 millions en 2008 à 372 millions en 2011. Surtout, la Cour souligne la responsabilité des autorités de tutelle dans cette évolution chaotique. La Cour estime ainsi que l’État aurait dû exiger de l’entreprise publique une anticipation correcte de son évolution financière. Elle relève au passage que l’absence de contrat d’objectifs et de moyens entre l’État et l’entreprise constitue non seulement une anomalie dommageable mais aussi une infraction légale. Enfin, la Cour recommande à l’État de clarifier son pilotage stratégique sur l’AEF en désignant une instance ministérielle (les Affaires Étrangères) chargée des orientations stratégique de l’AEF.
C’est une position semblable à celle défendue par la FFE depuis plusieurs années. Nous souhaitons en effet créer un conseil interministériel resserré (regroupant les Ministères des Affaires Étrangères, de la Culture, de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, et des Finances) chargé de tracer les grandes orientations de l’action audiovisuelle extérieure de la France. J’espère que cette demande sera rapidement entendue afin d’améliorer l’efficacité de notre présence dans le paysage audiovisuel mondial.