Le 12 juillet, en ma qualité de rapporteur spécial de la mission budgétaire « Action extérieure de la France », j’ai présenté devant la commission des finances du Sénat les conclusions de mon contrôle budgétaire sur les instituts français de recherche à l’étranger (IFRE).
Le réseau des IFRE, unique au monde, rassemble 27 centres de recherche et 8 établissements, répartis dans 34 pays, sur tous les continents. Placés depuis 2007 sous la double tutelle du ministère de l’Europe et des affaires étrangères et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), ces instituts se consacrent principalement à l’archéologie et aux sciences humaines et sociales.
Toute leur originalité vient du fait qu’ils sont à la fois un laboratoire de recherche classique du CNRS et un outil de la diplomatie scientifique de la France, double mission qu’ils mènent avec engagement, dans un contexte budgétaire très contraint.
Après être allé à la rencontre de leurs équipes et avoir adressé à chacun de leurs directeurs un questionnaire commun, j’ai dressé le constat suivant : les IFRE sont bien implantés dans leurs pays d’accueil et participent activement au rayonnement scientifique de la France, mais leur potentiel demeure sous-exploité.
Le rapporteur spécial a identifié six grands axes de travail pour remédier à cette situation :
- faire évoluer le réseau (ouverture de centres, regroupements) pour l’adapter au monde contemporain et le rapprocher de celui des Écoles françaises à l’étranger (École française de Rome, École française d’Athènes, etc.) ;
- associer davantage les IFRE à la prise de décision publique, en améliorant la diffusion des résultats de leurs recherches auprès des diplomates et des décideurs ;
- faire véritablement travailler les IFRE en réseau, autour de problématiques communes (migrations, changement climatique, lutte contre le terrorisme) ;
- renforcer les partenariats avec les établissements universitaires et scientifiques de leurs pays d’accueil, sur le modèle du Centre Marc-Bloch de Berlin ;
- faire mieux connaître les IFRE et leurs travaux, grâce à une communication plus dynamique ;
- donner une place plus importante aux IFRE dans le champ de la recherche française en sciences humaines et sociales, grâce à des accords de coopération avec des universités et des organismes de recherche français.
Mon rapport est disponible en cliquant ici.
Vous trouverez, ci-dessous, mes réponses à trois questions sur les IFRE.
1) Pouvez-vous nous présenter le réseau des Instituts français de recherche à l’étranger (IFRE) et leurs missions ?
Le réseau des instituts français de recherche à l’étranger (IFRE) compte 27 centres de recherche et 8 antennes, répartis dans 34 pays, sur tous les continents. C’est un réseau, unique au monde, hérité de l’histoire diplomatique et scientifique de la France au XXème siècle.
Placés sous la double tutelle du ministère de l’Europe et des affaires étrangères et du Centre national de la recherche scientifique, les IFRE se consacrent principalement à l’archéologie et aux sciences humaines et sociales. Leurs 150 chercheurs étudient l’histoire de leurs pays d’accueil et scrutent les sociétés contemporaines à la lumière de l’anthropologie, de la sociologie, des sciences politiques et de nombreuses autres disciplines.
Ce sont également des lieux de formation à la recherche par la recherche, puisqu’ils accueillent quelque 250 doctorants et post-doctorants à qui ils offrent l’opportunité exceptionnelle de venir travailler directement sur le terrain. Former pour l’avenir d’excellents spécialistes de toutes les grandes aires culturelles du monde est essentiel pour notre pays.
2) Comment les Instituts français de recherche à l’étranger (IFRE) participent-ils à la diplomatie d’influence de la France ?
La diplomatie d’influence, souvent qualifiée de « soft power », désigne l’ensemble des actions menées à l’étranger pour promouvoir l’image de la France, et, partant, défendre ses intérêts. La diplomatie scientifique, dont les IFRE sont un acteur incontournable, fait partie de cette diplomatie d’influence.
Les IFRE y contribuent en menant des projets de recherche avec les institutions scientifiques de leur pays d’accueil, en organisant des colloques, des séminaires, des journées d’études ou bien encore en formant sur place de jeunes chercheurs étrangers. En bref, leurs chercheurs nouent des liens étroits avec les communautés scientifiques locales qui servent, même indirectement, la diplomatie de notre pays
3) Comment faire en sorte que le potentiel des Instituts français de recherche à l’étranger (IFRE) soit mieux exploité et valorisé ?
Je veux d’abord dire ici que les équipes des IFRE sont très actives et que ceux-ci jouissent souvent d’un rayonnement important dans les pays où ils sont implantés, alors même que leurs moyens budgétaires sont limités.
Pour autant, après avoir visité plusieurs centres et recueilli l’avis de nombreux directeurs des IFRE, j’ai le sentiment que leur potentiel n’est pas aujourd’hui suffisamment exploité.
Je formule donc dans mon rapport une quinzaine de propositions destinées à mieux les valoriser.
Selon moi, il faudrait, entre autres, faire davantage participer les IFRE à la décision publique, améliorer leur communication, les inciter à développer des partenariats plus nombreux avec les établissements de recherche de leurs pays d’accueil ou bien encore les faire véritablement travailler en réseau, sur les grandes problématiques de notre temps : migrations, radicalisations, réchauffement climatique, sauvegarde du patrimoine en danger…