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Je vous souhaite la bienvenue sur ce site archive de mon mandat de sénateur des Français hors de France.

Mandat que j'ai eu l'honneur de faire vivre de 2004 à 2021.
Ce site est une image à la fin de mon mandat.
Vous y trouverez plus de 2 000 articles à propos des Français de l'étranger. C'est un véritable témoignage de leur situation vis-à-vis de l'éducation, de la citoyenneté, de la protection sociale, de la fiscalité, etc. pendant ces 17 années.

Je me suis retiré de la vie politique à la fin de mon mandant en septembre 2021, je partage désormais mes réactions, points de vue, réflexion sur https://www.richardyung.fr

Merci de votre visite.

Richard Yung
Octobre 2021

La France est une sorte d’île en Europe et dans le monde. Je fais référence au scandale européen et mondial du Libor, qui, comme le nuage de Tchernobyl, s’est arrêté juste à notre frontière.

De quoi s’agit-il ? Les banques ont, chaque jour, soit trop de liquidités soit pas assez. Cela est parfaitement normal. Dix-huit des plus importantes banques se rencontrent donc quotidiennement dans une belle salle lambrissée à Londres, vers 11 heures, et s’empruntent ou se prêtent de l’argent à court terme.

Il y a donc un taux d’intérêt qui s’appelle le London Interbanking Operating Rate (Libor). Ce taux, par commodité, sert de référence à des dizaines de milliers de contrats, de prêts de toute sorte à travers le monde.

Des centaines de milliers de lésés

Le scandale vient de ce que l’on a découvert fin juin que ce taux, qui a donc une valeur centrale pour toute l’économie, était manipulé par les banques du Libor.

A certains moments, quand elles avaient besoin d’accroitre leurs profits, elles s’entendaient pour faire monter le taux. A d’autres, quand elles avaient besoin de se refinancer, elles le baissaient.

Qu’elles aient ainsi pu agir montre que ce marché, pourtant essentiel, ne fait l’objet d’aucun contrôle ni régulation que ce soit par la banque d’Angleterre ou par une autorité européenne. Mais plus grave encore, ce la veut dire que des dizaines, des centaines de milliers d’épargnants ou d’emprunteurs, particuliers et entreprises, ont été lésés, globalement, pour des centaines de milliards d’euros.

C’est un scandale à côté duquel l’affaire Madoff parait une petite escroquerie de bonneteau.

Silence en France

Et c’est là où je veux en venir : en France, silence total sur la question. Aucune autorité de régulation n’a exprimé la moindre remarque sur la question – quoique deux grandes banques françaises soient partie au Libor, ce qui ne veut pas dire qu’elles soient coupables ou aient participé aux manipulations. Mais il serait sain pour l’image des banques et pour rassurer le marché qu’une enquête établisse les faits.

En Angleterre, la Barclays, la plus importante banque du pays et qui jouait un rôle central dans l’organisation du Libor, fait l’objet d’enquêtes approfondies. Le président de son conseil d’administration et son directeur général ont été contraints de démissionner rapidement.

Le Chancelier de l’Echiquier s’est ému de cette situation, le Sénat des Etats-Unis et la Chambre des communes ont procédé à des auditions. Plusieurs tribunaux américains diligentent des poursuites contre les banques responsables. Une commission, sous la responsabilité du directeur du régulateur financier britannique (FSA), doit travailler tout l’été et remettre ses conclusions début septembre. Les autorités de régulation d’Allemagne, du Danemark et des Pays-Bas mènent des enquêtes.

Revenir à un système bancaire sain

Rien de tout cela en France alors même que nous savons que certains banquiers – et pas les moindres – ne se conduisent pas bien, qu’ils foulent au pied les principes éthiques et se moquent des règles de régulation et de contrôle. Les exemples depuis 2008 sont malheureusement fréquents et se répètent sans conséquence pour ceux qui ne sont motivés que par l’avidité des gains.

Pourquoi cette situation autistique en France ? Il est urgent d’établir les faits et de prendre les mesures de réforme nécessaires. En autre, il est nécessaire de revenir à un système bancaire sain, chargé de collecter l’épargne et de la transformer en financements aux entreprises en laissant les activités spéculatives à ceux qui sont prêts à en assumer le risque sur leurs fonds propres.

(Tribune publiée sur Rue89)