Si elle est élue, Marine Le Pen prétend renégocier les traités européens pour retrouver « soi-disant » des marges de manœuvre, notamment sur l’euro. « L’euro est un obstacle majeur au développement de notre économie » martèle-t-elle. Son vœu le plus cher ? Dévaluer la monnaie pour redynamiser l’industrie française.
La présidente du Front national affiche depuis de nombreuses années sa volonté de faire sortir la France de la zone euro et prône un retour au franc. Cette proposition est un pilier du programme économique du parti d’extrême droite dirigé par Marine Le Pen. Si elle était mise en œuvre, elle aurait des conséquences désastreuses sur l’activité économique de l’Hexagone. Mais lesquelles ? Il est nécessaire de bien expliquer les conséquences d’une telle politique et éviter une décision qui, comme le Brexit pour le Royaume-Uni, serait un drame pour la France.
Ce sera d’abord une fuite massive de capitaux, d’investisseurs qui retireraient leurs fonds placés en France (Bourse, banques...) pour les investir en dehors des frontières hexagonales… Initialement, les traités européens établissent qu’il n’est pas possible de sortir de l’euro. Le coordinateur du projet du FN a donc imaginé 6 mois de négociation à l’issue desquels les modalités de sortie devraient être définies. Évidemment, en amont les Français auraient répondu favorablement au retour au franc par referendum. L’hypothèse du Frexit devenue crédible, les plus aisés chercheraient à placer leurs économies à l’étranger pour en protéger la valeur. Voici l’un des premiers canaux à travers lequel passeraient les effets d’une sortie de l’euro. Sans oublier les détenteurs de capitaux étrangers placés en France, qui, eux, seraient incités à rapatrier leurs capitaux pour se prémunir d’une chute du taux de change. Du coup, les taux d’intérêt grimperaient fortement et, par ricochet, le crédit se raréfierait.
Ensuite, comme la France accuse un lourd déficit extérieur, le franc subirait une dévaluation par rapport à l’euro entre 15 % et 20%. Selon Marine Le Pen, « une dépréciation de ce nouveau franc contribuerait de façon favorable à la croissance à court et moyen termes », via une relance des exportations mais rapidement, nos partenaires commerciaux mettraient en place des barrières tarifaires.
En prenant comme hypothèse une dépréciation du taux de change de 20 % et une hausse des taux d’intérêt, il estime que le PIB de la France reculerait de 2,3 % au cours de la première année du retour au franc et serait inférieur de 9 % à long terme (une fourchette de 4 % à 13 % est avancée) par rapport au niveau qu’il aurait atteint sans cette décision.
Le transfert massif de capitaux cumulé aux craintes des ménages et des entreprises face à une monnaie en dépréciation, le tout associé à l’éventualité d’un accès des banques aux financements étrangers mettraient les institutions financières françaises en péril. Avec un risque de panique bancaire et d’accélération de l’inflation, la présidente du FN n’aura pas d’autre choix que de contraindre la politique de change et d’instaurer un contrôle des mouvements transfrontaliers de capitaux. Par effet domino, le pouvoir d’achat se retrouverait impacté. Il serait alors difficile d’appréhender le chaos dans lequel l’économie française et les Français seraient plongés.
Jean Messiha, coordinateur du projet de Marine Le Pen pense avoir trouvé la solution pour pallier la forte hausse des taux. Selon cet énarque « les difficultés ne seront que transitoires », il s’agit juste de revenir sur l’interdiction qui est aujourd’hui faite à la Banque de France de financer le déficit de l’État. Plus facile à dire qu’à faire. Changer la loi de 1973 sur le recours à la Banque de France, serait un retour de la planche à billets et donc une envolée soudaine de l’inflation. Par ailleurs, dans la mesure où la sortie de l’euro ne ferait pas l’objet d’une concertation avec nos partenaires européens, elle serait indéniablement violente.
Certes la zone euro n’est pas exempte de défaut, mais il vaut mieux améliorer son existence plutôt que de la détruire. Quoi qu’en disent ses détracteurs, les chiffres sont là pour prouver les avantages générés par la monnaie unique pour les Français. Depuis la création de l’euro, en 1999, l’écart du taux d’intérêt entre les emprunts d’État allemands et français a été réduit de 1,5 point. Quant à l’inflation, elle est passée de 4,4 % en moyenne par an entre 1981 et 1998 à 1,5 % depuis 1999.
La souveraineté monétaire enfin retrouvée. C’est l’appartenance à l’Union en tant que telle qui serait remise en cause.
Sur le plan économique, d’autres mesures sont tout aussi inquiétantes comme une taxe sur les importations qui aurait pour effet d’augmenter les prix et de baisser le pouvoir d’achat ou d’augmenter le déficit public de plus de 10 % du PIB.
Cette politique désordonnée, populiste et démagogique a une certitude : ruiner la France Pour de longues années.