Le 17 juin, à l’occasion d’un déplacement à Rouen, le Premier ministre a présenté un point d’étape sur la mise en œuvre de la stratégie du Gouvernement en matière de commerce extérieur.
Pour élaborer sa stratégie, le Gouvernement s’était principalement appuyé sur un rapport du directeur général de Business France (« Une ambition nouvelle pour l’équipe France à l’international ») et sur les propositions qu’Éric Kayser et moi avions formulées dans le cadre du plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises (PACTE).
La stratégie du Gouvernement commence à porter ses fruits. En effet, Édouard Philippe a indiqué que « de premiers signaux faibles passent au vert ». L’an dernier, la France a battu son record historique d’exportations (492 milliards d’euros). Et, pour la première fois depuis dix ans, le nombre d’entreprises exportatrices a augmenté (125.000).
1) Transformation du modèle d’accompagnement des entreprises à l’export
Depuis février 2018, Business France, CCI France et Bpifrance, réunis sous la bannière commune Team France Export, mettent en œuvre la réforme du dispositif public d’appui au développement international des entreprises. L’objectif est double : favoriser la montée en puissance des ETI et PME déjà exportatrices (8.000 ETI et PME de croissance, 62.000 PME exportatrices régulières) et sensibiliser et préparer davantage d'entreprises à l'export (55.000 PME exportatrices irrégulières, 250.000 PME non exportatrices à potentiel).
En France, des guichets uniques ont été mis en place dans 11 régions (Normandie, Hauts-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Pays de la Loire, Bourgogne-France-Comté, Centre-Val de Loire, Nouvelle-Aquitaine, Auvergne-Rhône-Alpes, Île-de-France, Corse, Occitanie). Répartis sur tout le territoire, 235 conseillers internationaux issus de Business France et des CCI sont désormais chargés de détecter et préparer les entreprises à l’international. Quatre régions de métropole et d’outre-mer doivent signer une convention Team France Export avant la fin de cette année. La mise en place des guichets uniques régionaux s’achèvera d’ici à 2022.
À l’étranger, des guichets uniques ont été mis en place dans 61 pays. Dans neuf pays, Business France s’est désengagé au profit de la CCI ou d’un autre acteur privé. Ces partenariats prennent la forme de concessions de service public ou de marchés publics de services : Belgique, Hong Kong, Hongrie, Japon, Maroc, Norvège, Philippines, Russie et Singapour. D’ici à 2022, plus de 100 pays bénéficieront d’un guichet unique.
La création des guichets uniques en France et à l’étranger s’accompagne de la mise en place d’un dispositif numérique de gestion de la relation client (One Team), qui permettra d’« assurer de manière mutualisée le suivi des entreprises ». Piloté par Business France, ce système de partage d’informations sera déployé dans toutes les régions d’ici à la fin du mois de septembre. Il sera accessible aux membres de la Team France Export, qui devront « l’alimenter pour maintenir à jour et au meilleur niveau les bases de données relatives au marché qui en constitueront la substance ».
Lors de son déplacement à Rouen, Édouard Philippe a lancé les plateformes numériques des solutions. Mises en place dans 14 régions, ces plateformes permettront aux entreprises d’accéder en un clic à l’ensemble des solutions exports offertes par les acteurs publics et privés, qu’il s’agisse des offres d’accompagnement, des offres de financement ou des offres de formation.
Par ailleurs, le Gouvernement a relancé l’approche sectorielle de l’export. Dix-huit comités stratégiques de filière (CSF) ont d’ores et déjà été constitués. Les fédérateurs export (agroalimentaire, énergies renouvelables, industries culturelles et créatives, santé, ville durable) ont poursuivi leurs actions de structuration, de coordination et de mobilisation des acteurs à l’international, en lien avec les comités stratégiques de filière correspondants. À la suite des deux réunions du Conseil national de l’industrie (CNI) international (23 juillet 2018 et 14 mai 2019), « d’autres initiatives seront engagées pour favoriser le travail collectif ».
2) Réforme des financements à l’export
Pour ce qui concerne le financement des exportations, le Gouvernement a mis en place de nouveaux outils compétitifs.
Une nouvelle formule de l’assurance-prospection (AP) a été lancée en mai 2018. L’AP prend désormais la forme d’une avance remboursable. Concrètement, les entreprises assurées (tous secteurs d’activité sauf le négoce international, chiffre d’affaires inférieur à 500 millions d’euros) reçoivent dès le début de leur contrat avec Bpifrance Assurance Export une avance de trésorerie à hauteur de 50% de leur budget prévisionnel de prospection pour une période de deux à trois ans. L’avance est par la suite remboursée graduellement en fonction du chiffre d’affaires généré à l’export. Les entreprises bénéficiaires doivent rembourser au moins 30% des sommes versées.
L’an dernier, le nombre de contrats d’AP a augmenté de 17% par rapport à 2017. Le Gouvernement souhaite faire de l’AP le « pivot de l’internationalisation des PME et ETI ». L’objectif est de distribuer plus de 1.300 AP par an.
La garantie des projets stratégiques (GPS) a également été réformée. Depuis le 1er janvier dernier, Bpifrance Assurance Export peut, au nom et pour le compte de l’État, accorder sa garantie de refinancement à des projets qui, même s’ils ne comprennent pas un volet export, présentent un intérêt stratégique pour l’économie française à l’étranger. Une dizaine de projets devraient bénéficier de ce nouveau dispositif.
Il est également à noter que l’assurance-crédit publique à l’exportation a été étendue aux contrats de fourniture ou de sous-traitance concourant directement à des opérations d’exportation. L'objectif est de renforcer le tissu des PME et ETI qui participent aux exportations françaises.
L’assurance-crédit publique à l’exportation a, par ailleurs, été ouverte aux personnes morales de droit étranger contrôlées par des entreprises françaises seules ou conjointement, lorsque l’existence d’une filiale de droit local est nécessaire.
En octobre 2018, le Gouvernement a lancé Cap France Export, qui est un dispositif public de réassurance. Bpifrance Assurance Export, agissant au nom, pour le compte et sous le contrôle de l’État, réassure des engagements pris par quatre assureurs privés (Atradius, Coface, Euler Hermes, Groupama) au titre de garanties qu’ils délivrent sur des contrats d’exportation à destination de 17 pays dont le contexte macro-économique est difficile ou en dégradation (Angola, Azerbaïdjan, Bangladesh, Bénin, Comores, Éthiopie, Guinée, Guinée équatoriale, Kazakhstan, Koweït, Malaisie, Mongolie, Niger, Nigeria, Oman, Ouzbékistan et Panama.). Les opérations d’exportation concernées sont celles dont la durée de crédit n’excède pas 360 jours et contenant une part française d’au moins 20% du montant des marchandises ou des prestations vendues.
Depuis janvier dernier, la garantie de change a été étendue à 15 nouvelles devises. Cette garantie « soutient l’entreprise dès la remise de l’offre commerciale et permet de fixer un cours de change à tout moment de la période de négociation ». L’an dernier, le nombre de bénéficiaires a augmenté de 25% par rapport à 2017 (montant garanti : près de 705 millions d’euros). Le Gouvernement souhaite que le nombre de bénéficiaires augmente de 15% par an.
Quant à l’enveloppe des prêts du Trésor, elle devrait doubler d’ici à 2020 (environ 600 millions d’euros par an). Les prêts du Trésor sont accordés à des États étrangers en vue de financer leur achat de matériel ou de prestations français. Ils comprennent, d’une part, des prêts concessionnels bonifiés (une trentaine de pays sont concernés ; ces prêts sont comptabilisés dans l’aide publique au développement de la France) et, d’autre part, des prêts non concessionnels (une centaine de pays sont concernés ; ces prêts sont accordés à des taux qui restent très avantageux). Le montant de ces derniers devrait s’élever à 400 millions d’euros en 2020, contre 100 millions d’euros en 2017. L’an dernier, 8 entreprises ont été soutenues par des prêts du Trésor. L’objectif est de soutenir 15 entreprises par an à compter de 2022.
3) Diffusion d’une culture de l’international
La mise en œuvre de la stratégie du Gouvernement vise enfin à « insuffler une vraie culture de l’export ».
L’export étant « un métier qui s’apprend à tous les âges de la vie », le Gouvernement met actuellement en place un parcours de formation à l’export spécifiquement dédié aux dirigeants de TPE, PME et ETI. L’an dernier, 400 entreprises ont bénéficié des programmes conjoints d’accélération de Bpifrance et Business France.
Les plateformes numériques des solutions associent à chacune des grandes thématiques de l’export une offre de formation professionnelle adaptée. Outre l’information sur les divers modules de formation offerts par les CCI, ces plateformes référencent des prestataires pouvant apporter des solutions de formation adaptées aux besoins des entreprises.
Il est aussi à noter que le dispositif du volontariat international en entreprise (VIE) a été assoupli par la loi dite « PACTE ». La durée du volontariat pouvant être passée en France a été allongée. L'objectif est de « mieux familiariser le volontaire avec le fonctionnement de l’entreprise d’accueil, ses offres de produits, sa culture d’entreprise et ses objectifs à l’export, et ainsi de gagner en efficacité une fois en poste à l’étranger ».
Le Gouvernement souhaite encourager les actions de sensibilisation ou de mentorat. Des formules d’échange d’expériences et de bonnes pratiques entre pairs seront proposées sur les plateformes numériques des solutions (formules offertes par les conseillers du commerce extérieur de la France, des dirigeants de PME « seniors », des clubs d’exportateurs ; formules organisées dans le cadre de programmes publics ou privés d’accélération à l’international).
Par ailleurs, en vue d’améliorer la maîtrise de l’anglais, l’État financera à chaque étudiant, avant son entrée en premier cycle universitaire et au plus tard en fin de licence, un test d’anglais de type Cambridge, IELTS ou TOEFL. En 2019-2020, près de 40.000 étudiants passeront une certification en langue anglaise reconnue sur le marché de l’emploi (étudiants en DUT « commerce international » ou « communication », étudiants en licence professionnelle « commerce international », etc.). Le déploiement de ce dispositif s’achèvera en 2022-2023 (285.000 certifiés dans les universités et 114.000 certifiés dans les sections de technicien supérieur).