La journée des droits des femmes est appelée à tort, à mon sens, journée de la femme. Or, cette dernière formulation fait dire à certains que les 364 autres jours de l’année sont une célébration des hommes, ce qui est faux. Quoique …
… des inégalité criantes existent toujours aujourd’hui entre les hommes et les femmes. Cette journée est alors l’occasion de les rappeler et de faire un bilan sur la situation actuelle. Car si les droits des femmes en France et en Europe ont progressé, l’égalité n’est pas encore acquise. La situation de nombreuses femmes et de petites filles dans le monde reste catastrophique, et il faut continuer à se battre pour qu’aucune petite fille au monde ne se dise que cela aurait été plus simple de naitre petit garçon.
Se battre pour les droits des femmes ne signifie pas se battre contre les hommes, mais chercher une réelle égalité. Il ne s’agit ni de mettre en avant les soi-disant qualités intrinsèques aux femmes, ni de considérer qu’un monde dirigé par elles serait meilleur. Cela consiste à mettre sur un pied d’égalité les hommes et les femmes, et à les faire travailler ensemble à une société plus juste. Nous nous complétons. La société dans son ensemble a besoin de mixité, d’égalité et de parité.
Les hommes politiques, et j’en fais partie, se doivent de faire une place aux femmes en politique et de favoriser l’égalité dans le droit et dans les faits. Le projet de loi créant un conseiller territorial et réformant le mode de scrutin est ainsi inacceptable puisqu’il fera reculer le nombre de femmes en politique . De même, l’absence d’un semblant de parité lors des dernières nominations au Conseil constitutionnel est honteuse. La France est le pays des droits de l’Homme avec un grand H et non un petit h. (voir le billet sur mon blog)
Les femmes doivent être présentes en politique, dans toutes les institutions de la République et avoir des postes à responsabilité dans les grandes entreprises. Il faut faire sauter ce plafond de verre ! J’ai ainsi déposé une proposition de loi pour une représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance.
La délégation parlementaire du Sénat aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, à laquelle je participe, vient de publier un rapport sur les femmes dans les lieux privatifs de liberté (voir le rapport). Évoluant dans un environnement conçu et organisé par et pour des hommes, elles sont victimes de discriminations au quotidien. Il existe en effet une différence de traitement entre les femmes et les hommes incarcérés. Elles sont tout d’abord plus stigmatisées par l’opinion que les hommes en détention, et elles ont un accès moindre aux soins médicaux – notamment en psychiatrie –, à la formation et aux activités professionnelles. Les quartiers de femmes sont exclus du reste de la prison et l’impératif de zéro interaction entre détenus de sexe opposés entraine un principe de non-mixité des activités au détriment des femmes. Cette stricte séparation homme-femme a, par ailleurs, des conséquences calamiteuses pour les transsexuelles qui sont très souvent victimes de violences sexuelles et dont le suivi médical – notamment la délivrance de traitements hormonaux – dépend du bon vouloir de chaque médecin.
En prison, la vie familiale est au mieux mise entre parenthèses, au pire détruite – ce qui n’aide pas par la suite à la réinsertion. Ce triste constat concerne aussi bien les femmes que les hommes. Il faut multiplier les parloirs familiaux et les unités familiales, et supprimer les obstacles administratifs qui s’opposent à la visite des enfants mineurs sans papiers.
Les étrangers même s’ils sont en situation irrégulière bénéficient d’un certain nombre de droits. Et si le gouvernement a rappelé cette évidence, il ne semble pas entre enclin à la mettre en œuvre. L’expulsion récente d’une lycéenne de 19 ans battue par son frère, en cette année de lutte contre les violences faites aux femmes, l’a bien montré. La jeune femme, se tournant vers les autorités françaises pour bénéficier d’une protection, a appris à ses dépends qu’en France on ne s’occupe que de la défense des droits des femmes françaises (et encore...). Tant pis pour elle si elle risque un mariage forcé au Maroc... (voir le communiqué). La journée des droits des femmes concerne toutes les femmes et filles du monde. Les droits des étrangères doivent être défendus. La Cimade va ainsi lancer prochainement une opération, que je soutiens pleinement, pour dénoncer la double violence que les femmes étrangères peuvent subir de la part de leur entourage et du fait d’être étrangère en situation irrégulière.
Tous ces exemples rappellent que la journée des droits des femmes n’est pas inutile, et qu’elle est l’occasion de faire un bilan pour continuer à avancer. L’objectif est qu’un jour cette journée deviennent inutile, l’égalité entre les femmes et les hommes étant pleinement réalisée.