Le 2 avril, j’ai eu le plaisir de participer, dans le cadre du groupe LREM du Sénat, à un échange de vues avec le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, sur les réformes du système éducatif.
Le mois prochain, le Sénat examinera le projet de loi pour une école de la confiance. Ce texte a déjà été adopté en première lecture par l’Assemblée nationale. L’une de ses mesures phares est l’abaissement à trois ans de l’âge de l’instruction obligatoire. Cette réforme devrait bénéficier à environ 25.000 enfants.
Sa mise en œuvre s’accompagnera d’un soutien de l’État. Ce dernier versera notamment une compensation financière aux communes, dont le montant total devrait s’élever à environ 100 millions d’euros.
Pour ce qui concerne l’application de la réforme dans les établissements d’enseignement français à l’étranger, le texte porté par M. Blanquer prévoit que l’aide que l’AEFE accorde aux familles vise aussi à supporter les frais liés à l’enseignement dans les classes maternelles.
Le débat est actuellement « pollué » par plusieurs mensonges, que le ministre a tenu à dénoncer.
Contrairement aux rumeurs relayées sur les réseaux sociaux, les écoles maternelles ne seront pas supprimées, bien au contraire. Cette contre-vérité résulte d’une mauvaise interprétation d’une disposition transitoire relative aux jardins d’enfants. À mi-chemin entre les crèches collectives et les écoles maternelles, ces établissements accueillent des enfants âgés entre deux ans et six ans, dont environ 10.000 enfants de trois à six ans. Ils bénéficieront d’un délai de deux ans pour adapter leur activité au nouveau contexte constitué par l’abaissement à trois ans de l’âge de l’instruction obligatoire. En d’autres termes, ils auront jusqu’à la rentrée scolaire 2021 pour se préparer à la baisse massive du nombre d’enfants inscrits au profit des écoles maternelles. L’« école maternelle pour tous » sera ainsi consacrée.
Le ministre a également rappelé que la mise en place des établissements publics des savoirs fondamentaux (EPSF) – fusion d’écoles avec leur collège de secteur – n’entraînera pas la disparition des directeurs d’école. Ces derniers verront, au contraire, leur rôle renforcé. Ils « resteront les interlocuteurs privilégiés de la municipalité et des familles ». Le Gouvernement souhaite aussi renforcer les écoles primaires rurales.
De plus, la création des EPSF ne sera pas obligatoire. Les collectivités territoriales resteront libres de leur choix. Cette réforme vise à « améliorer le lien entre le primaire et le collège et mieux accompagner les élèves dans les apprentissages du socle commun ». M. Blanquer s’est dit prêt à amender son projet de loi en vue de conditionner la mise en place d’un EPSF à l’accord de la communauté éducative.
Quant au pré-recrutement des professeurs, il ne conduira pas certains étudiants à donner des cours à la place des professeurs ou à remplacer ces derniers en cas d’absence. Le dispositif de pré-recrutement a fait l’objet d’une concertation de six mois. Il vise non seulement à améliorer l’attractivité du métier d’enseignant, mais aussi à diversifier socialement le recrutement des professeurs. Concrètement, à compter de la prochaine rentrée, les étudiants en deuxième année de licence (L2) qui s’engageront à servir l’éducation nationale auront la possibilité d’exercer des fonctions pédagogiques, d’enseignement ou d’éducation. Les missions attribuées à ces assistants d’éducation seront progressives (observation d’un enseignant titulaire, participation au dispositif « devoirs faits » au collège, co-intervention avec un enseignant titulaire, prise en charge de petits groupes d’élèves, etc.). En échange, ces étudiants toucheront environ 700 euros par mois en L2, un peu plus de 900 euros en L3 et aux alentours de 1.000 euros en première année de master (M1). Cette rémunération pourra être cumulée avec une bourse. Les assistants d’éducation pourront ensuite passer les concours « avec une motivation renforcée et une expérience de terrain qui leur sera utile pour leurs épreuves et leur année de stage ».
Une autre mesure phare du projet de loi est le renforcement de l’école inclusive. Dès la prochaine rentrée, les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) se verront proposer un CDD de trois ans renouvelable une fois, avec la promesse d’une embauche en CDI au bout de six ans. Recrutés en amont de la rentrée, ils seront mobilisés dans le cadre des pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL), créés dans chaque département. Il est par ailleurs à noter que le respect des principes de l’école inclusive fera désormais partie des critères d’homologation des établissements d’enseignement français à l’étranger.
Le ministre considère, à juste titre, que la loi pour une école de la confiance sera « extrêmement sociale ». Outre les mesures susmentionnées, le texte adopté par l’Assemblée nationale prévoit le renforcement de la médecine scolaire dès trois ans, l’obligation de formation pour les jeunes âgés de seize à dix-huit ans et la création d’un rectorat à Mayotte.
Dans un second temps, M. Blanquer a fait un point sur la réforme du lycée, qui est « irréversible ». À compter de la prochaine rentrée, les élèves de première et terminale bénéficieront tous d’un large socle de connaissances communes. Ils pourront également choisir des enseignements de spécialité (arts, biologie-écologie, mathématiques, etc.). Cette réforme vise à « préparer les élèves à réussir leurs études supérieures » et « réduire les inégalités ». Afin d’accompagner les lycéens dans leurs choix, le Gouvernement et l’ONISEP ont créé le site internet horizons2021.fr, qui « permet aux élèves de se poser les bonnes questions en seconde ».
Pour ma part, j’ai salué les excellentes réformes menées par le Gouvernement, qui introduisent une flexibilité bienvenue.
M. Blanquer m’a confirmé que la réforme du lycée s’appliquera dans les établissements d’enseignement français à l’étranger, qui auront ainsi « plus d’atomes crochus » avec les systèmes éducatifs étrangers.
Pour ce qui concerne la réforme de l’enseignement français à l’étranger (doublement du nombre d’enfants scolarisés dans le réseau d’ici à 2030), le ministre m’a indiqué que des annonces seront faites à l’occasion de la réunion des ministres de l’éducation du G7, qui doit se tenir les 4 et 5 juillet prochains.