«Il ne manque plus que le mirador », s’est exclamé la sénatrice Alima Boumediene-Thiery (EELV) hier à la sortie du centre de rétention administrative (CRA) no 2, après deux heures de visite. C’est la première fois que ce centre, qui abrite depuis un mois et demi, au Mesnil-Amelot, les sans-papiers en attente d’expulsion recevait la visite de parlementaires.
Le centre no 2 et le no 3, ouvert hier, possèdent une capacité de 120 places dont 40 sont réservées aux familles.
Hier, les parlementaires ont fait usage de leur droit de visite, comme il y a un an au CRA no 1 (96 places) situé aux abords des pistes de l’aéroport et fermé le 1er août pour rénovation. Les sénateurs Richard Yung (PS), Claudine Lepage (PS), Bariza Khiari (PS), Alima Boumediene-Thiery (EELV) et la députée George Pau-Langevin (PS) ont rendu visite aux retenus pour « savoir de quoi il s’agit au moment de voter », comme cette loi du 16 juin dernier qui allonge la durée maximale de rétention de trente-deux à quarante-cinq jours.
Les parlementaires se sont dits « glacés » par l’architecture du CRA, ses badges, ses grilles automatiques, ses tourniquets, ses grands couloirs froids. « Le côté inhumain s’est installé. Les contacts entre gardiens et retenus se font par vidéo. Les gardiens n’utilisent que des badges, soupire Alima Boumediene-Thiery,. Toutes ces grilles, ces fils barbelés… »
Mais ce qui les a vraiment marqués, c’est l’entrée dans la zone réservée aux familles. « Ça me fait mal de voir des lits de bébés ici, s’est indignée George Pau-Langevin. Il y a bien des couches, des petits pots, des couvertures décorées de motifs enfantins, mais on sent bien le malaise des gardiens. » Les parlementaires plaident pour une assignation à résidence afin d’éviter tout enfermement à des enfants.
Le ministère de l’Immigration, qui gère les CRA, s’est refusé à tout commentaire.
Faustine Léo
Le Parisien (20/09/11)