Par Suzette BLOCH
PARIS, 19 décembre 2011 (AFP) - Le Sénat de gauche a donné son feu vert lundi à la constitution du premier groupe écologiste de l'histoire du parlement français en votant l'abaissement du seuil de constitution des groupes de 15 à 10 sénateurs.
Une proposition de résolution du nouveau président socialiste du Sénat Jean-Pierre Bel, modifiant en ce sens le règlement du Sénat a été adoptée. Les écologistes ont largement profité de la dynamique qui a permis le basculement à gauche du Sénat lors des élections du 25 septembre en passant de 4 à 10 sénateurs.
L'étroitesse de la nouvelle majorité de gauche, 177 sièges contre 171, a obligé le groupe PS à conclure un accord de majorité avec les autres composantes --communistes (CRC), radicaux de gauche (RDSE) et écologistes--, dans la constitution de ce groupe Vert. Le numéro 2 d'EELV, Jean-Vincent Placé, avait menacé de se présenter à la candidature pour la présidence du Sénat pour peser sur ces négociations.
L'UMP soutient cette création, trop heureuse de voir un groupe de plus au sein de la majorité. Seule une partie des centristes s'y est opposée. Les deux autres groupes de la majorité, CRC et RDSE, s'y sont ralliés mais après avoir manifesté leur mauvaise humeur, le PS faisant à leurs yeux une part trop belle aux écologistes.
Ce groupe sera "une grande fierté pour moi", a déclaré M. Placé qui devrait en être le président. Il dit ressentir "beaucoup d'émotion, mais aussi le sens de la responsabilité que cela représente dans la période qui vient avec l'éventualité d'un parlement entièrement à gauche".
"Nous avons une vraie obligation de travail pour inventer la société de demain sur des thèmes qui ne nous sont pas familiers", a dit Marie-Christine Blandin (EELV), sénatrice depuis 2001.
"Nous marquerons nos différences par exemple sur l'agriculture biologique que je compte défendre malgré le poids important des lobbies", assure l'un des nouveaux arrivants, Joël Labbé (Morbihan), déjà surnommé le rocker vert dans les couloirs pour ses cheveux longs.
Les écologistes ont déjà fait une entrée remarquée avec la prestation de l'universitaire, novice en politique, Esther Benbassa, défendant le droit de vote des étrangers aux élections locales face au Premier ministre François Fillon.
Conscient de l'ampleur de la tâche pour 10 élus et de l'étroitesse de la majorité, Jean-Vincent Placé souhaite constituer un inter-groupe dans la majorité et que les écologistes préparent les textes en amont avec les socialistes.
La constitution d'un groupe donne de nombreuses prérogatives, participation à la Conférence des présidents, droit de parole élargi, de constitution d'une commission d'enquête, de présentation d'une proposition de loi dans une séance réservée au groupe (niche parlementaire).... Sur le plan matériel, outre une voiture de fonction avec chauffeur, un bureau et une indemnité supplémentaire pour le président, le groupe bénéficie d'une dotation pour son fonctionnement. Le tout est évalué par le questeur Alain Anziani (PS) à 350.000 euros par an.
Elle sera comprise dans l'enveloppe globale affectée à tous les groupes et la dotation du groupe PS sera notamment diminuée.
Après un dernier feu vert du Conseil constitutionnel, formel, le groupe se formera en janvier.
La résolution votée a également créé une nouvelle commission permanente, consacrée au développement durable.