Dès ce mercredi, les Français de l’étranger vont élire onze députés pour la première fois. Ce million de voix fait l’objet de toutes les attentions de la part des partis.
C'est la principale nouveauté des législatives. Pour la première fois, les Français de l’étranger élisent leurs députés. En jeu, onze nouveaux sièges représentant autant de "supercirconscriptions" : certaines, telle celle de la zone Asie-Océanie-Russie, s’étendent sur des dizaines de pays et des millions de kilomètres carrés ! A élection exceptionnelle, dispositif exceptionnel. Dès ce mercredi et durant six jours, les "expats" peuvent voter par Internet pour le premier tour. Le rendez-vous de ceux qui préfèrent l’isoloir a, par ailleurs, été avancé d’une semaine, au 3 juin, afin de faciliter l’organisation matérielle de ce scrutin hors norme.
Un réservoir pour les partis
Environ 2,2 millions d’expatriés sont éparpillés sur les cinq continents, dont la moitié environ sont inscrits sur les listes électorales consulaires. Un réservoir non négligeable pour les partis. Surtout pour l’UMP : les électeurs établis hors du territoire national penchent à droite. Au second tour de la présidentielle, ils ont voté à 53,05 % des suffrages pour Nicolas Sarkozy, contre 46,95% pour François Hollande. "Malgré un découpage défavorable, on peut l’emporter dans quatre, voire cinq, des onze circonscriptions", indique-
t-on néanmoins au PS.
Dans une bataille où chaque siège risque de compter le 17 juin, cette communauté en exil durable (majoritairement) ou temporaire fait l’objet de toutes les attentions. Nicolas Sarkozy, qui avait accordé aux expatriés la gratuité des frais scolaires au lycée en 2007, n’a pas hésité durant sa campagne à leur envoyer 600 000 e-mails pour les rassurer après sa proposition choc qui liait fiscalité et nationalité. Et, alors que l’opposition avait fustigé une "opération électoraliste" lorsque, à l’été 2011, il avait confié à David Douillet un secrétariat d’État aux Français de l’étranger, François Hollande l’a imité en attribuant un même portefeuille à Yamina Benguigui, élevée au rang de ministre déléguée (voir ci-dessous). Les expatriés n’ont pas fini d’être choyés.
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Un ministère de fiction ?
La création au sein de la diplomatie française d’un ministre délégué aux Français de l’étranger n’est pas un "gadget", affirmait dimanche le nouveau ministre délégué chargé des Affaires européennes, Bernard Cazeneuve. Selon lui, la réalisatrice Yamina Benguigui, nomination surprise du gouvernement la semaine dernière, sera "un ministre extrêmement actif". "La vraie question est de savoir quelles seront ses attributions concrètes, nuance le socialiste Richard Yung, l’un des douze sénateurs représentant déjà les expatriés. Aura-t-elle l’autorité sur la Direction des Français à l’étranger ou sur la politique des visas, contrairement à ses prédécesseurs, qui dépendaient du bon vouloir des autres ministères ?" La réponse est attendue dans les jours à venir.
Gilles Daniel
Métro (23/05/12)