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Je vous souhaite la bienvenue sur ce site archive de mon mandat de sénateur des Français hors de France.

Mandat que j'ai eu l'honneur de faire vivre de 2004 à 2021.
Ce site est une image à la fin de mon mandat.
Vous y trouverez plus de 2 000 articles à propos des Français de l'étranger. C'est un véritable témoignage de leur situation vis-à-vis de l'éducation, de la citoyenneté, de la protection sociale, de la fiscalité, etc. pendant ces 17 années.

Je me suis retiré de la vie politique à la fin de mon mandant en septembre 2021, je partage désormais mes réactions, points de vue, réflexion sur https://www.richardyung.fr

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Richard Yung
Octobre 2021

A quelques jours du cinquantenaire de son indépendance, l'Aglérie a les honneurs du Sénat français. Le colloque sur les relations entre la France et son ancienne colonie qui se tient ce samedi est complet depuis plusieurs jours.

Les relations franco-algériennes font salle comble au Sénat français, ce samedi. Le parlement accueille un colloque intitulé « Algérie-France : comprendre le passé pour mieux construire l’avenir ». A l’invitation du groupe France-Algérie du Sénat, de nombreux universitaires, historiens et sociologues, des journalistes et des personnalités politiques interviennent tout au long de la journée.

Parmi les interventions remarquées, on compte celle d’Abdelmadjid Merdaci. L’universitaire à la double casquette d’historien et de sociologue a commencé par affirmer que les échanges sur la guerre d’indépendance sont inégaux entre les deux rives de la Méditerranée. « Dès que des travaux [de recherche] important sont produits en France, ils sont immédiatement publiés en Algérie. Ce n’est pas le cas pour les travaux algériens en France », a-t-il expliqué. Il cite notamment le colloque de Skikda, dont la 6ème édition s’est tenu les 25 et 26 octobre dernier.

Côté français, Merdaci considère que la mémoire de la guerre a été confisquée par une partie des rapatriés d’Algérie. Ceux-ci se posent en victimes, au point que l’historien rapporte avoir entendu récemment dans un colloque à Marseille, des cris « FLN assassin ! ». Il interprète ce type de manifestation comme un signe que certains nient que le combat nationaliste algérien visait à libérer un peuple. La tendance « dure » des rapatriés, proche des anciens de l’OAS, n’est pourtant pas la seule qui existe en France. « Il y a des organisations de pieds-noirs progressistes en France, tempère Merdaci. Mais leur voix n'est pas entendu, on n'entend que la voix victimaire ». Ce qu'il ne manque pas de lier aux enjeux politiques et électoralistes locaux. Avant de conclure : « Pour construire l'avenir, il faut lever les hypothèques et notamment l'hypothèque des rapatriés ».

 

La journée s'est articulé autour de quatre tables rondes revisitant l'histoire commune aux deux pays dans l'ordre chronologique. Le premier thème a touché la période du début de la colonisation jusqu'à la seconde guerre mondiale: "1830-1945: L'Algérie entre colonisation et assimilation". Animée par le journaliste Slimane Zeghidour, cette table ronde a permis au public d'entendre les interventions de chercheurs spécialistes de cette période: Olivier Le Cour Grandmaison, Guy Pervillé, Todd Shepard, Christelle Taraud et Sylvie Thénault.

Est venue ensuite la question "1945-1962: inéluctable indépendance ?". Des chercheurs algériens, Abdelmadjid Merdaci et Amar Mohand-Amer, un français, Gilbert Meynier et un américain, Matthew Connelly, se sont succédés sur ce sujet; ainsi qu'un ancien membre du FLN, Ali Haroun. Isabelle Mandraud, journaliste au journal Le Monde où elle couvre l'actualité du Maghreb, assurait la modération.

"1962-2012: Comment réconcilier les mémoires ?": la discussion, animée par Sonia Mabrouk de la chaîne française Public Sénat, s'est poursuivie sur les cinquante années écoulées depuis l'indépendance. Les historiens Joelle Hureau, Gilles Manceron et Pascal Blanchard et la sociologue Laetita Bucaille ont apporté leur éclairage académique à côté de celui de la journaliste Danielle Michel-Chich, née en Algérie et de  Fatima Besnaci-Lancou, fille de harki et fondatrice de l'association Harkis et droits de l'Homme.

Le dernier panel s'est tourné vers le futur en se demandant: "Et maintenant? Quelles leçons tirer de l'Histoire pour l'avenir des relations franco-algériennes ?" Les historiens ont alors laissé place aux personnalités politiques, dont Jean-Pierre Chevènement, sénateur français et président de l'association d'amitié France-Algérie, Denis Bauchard, diplomate et ancien président de l'Institut du monde arabe à Paris, Bariza Khiari, vice-présidente du Sénat, Sid-Ahmed Ghozali, ancien premier Ministre; ainsi qu'au politologue George Morin et à l'écrivain Anouar Benmalek. La modération de cette dernière table ronde était assurée par le directeur de la publication d'El Watan, Omar Belhouchet.

Claude Domeizel, sénateur et président du groupe d'amitié France-Algérie est venu clôturer le colloque, en sa qualité d'organisateur de l'évènement. Il a souhaité "rappeler quelques évidences" sur l'Histoire commune des deux pays: "Rien ne pouvait justifier le traitement réservé à ceux que l'on appelait alors des indigènes, et qui étaient interdit d'accès à la citoyenneté". Il s'agit d'une référence directe à la polémique ayant accompagné le texte de loi français sur "la reconnaissance des aspects positifs de la colonisation", adopté en février 2005 puis supprimée un an plus tard.

Domeizel a également avoué s'être confronté aux réticences de certains, quant à l'organisation du colloque, craignant qu'il ne "rallume des polémiques inutiles". "Je ne l'ai pas crû un seul instant", a-t-il affirmé. Avant d'ajouter en direction du nouveau Président français: "Beaucoup de nos compatriotes attendent des mots de réconciliation et d'apaisement. Nos amis algériens attendent, non pas une repentance, mais une reconnaissance des erreurs commises." Enfin, il a terminé en citant ces mots de François Hollande: "La France se grandit en reconnaissant ses fautes".

Sophia Ait Kaci, El Watan, 30/06/2012