Suite à la publication du billet de mon blog sur l’expulsion de la jeune Leonarda et de sa famille j’ai été interviewé hier par le journal L’Humanité qui publie aujourd’hui 17 octobre cette interview que vous trouverez ci-dessous.
« Ce qui s’est passé là n’est pas acceptable »
À l’instar des autres élus et responsables socialistes, unanimes à dénoncer les conditions de l’expulsion de la jeune Leonarda et sa famille, vous estimez que l’on ne peut « justifier l’injustifiable ».
Richard Yung. Ce qui s’est passé là n’est pas acceptable pour nous, socialistes. Nous avions par le passé dénoncé des agissements similaires d’enfants pris à la sortie des écoles, ce n’est pas plus acceptable aujourd’hui. Nous sommes souvent saisis, nous parlementaires, par des associations telles RESF ou la Cimade qui nous alertent sur des cas de familles dont les enfants sont scolarisés en France et qui sont détenues en centre de rétention en attente d’expulsion, ou qui viennent d’être expulsées. Peut-on dire que les Roms ne veulent pas s’intégrer en France et expulser une famille rom kosovare dont les enfants étaient scolarisés et parfaitement intégrés ? Ce cas, aussi désespérant soit-il, n’est malheureusement qu’un parmi tant d’autres.
À chaque cas d’expulsion dont vous êtes saisis, la réponse que vous obtenez, écrivez-vous sur votre blog, est « similaire au communiqué du ministère de I’lntérieur sur l’expulsion de Leonarda et de sa famille ». L’administration applique « avec fermeté les décisions d’éloignement tout en veillant scrupuleusement au respect des droits des étrangers ».
Richard Yung. Oui, on nous répond dans cette langue polymorphe et incompréhensible, véritables spaghettis. On obtient environ une réponse positive sur quatre. Les mêmes services, les mêmes personnes sont à l’œuvre, ça prend du temps de changer l’idéologie.
Vous rappelez en même temps que le droit des étrangers, c’est en grande partie la loi relative à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité de Besson-Hortefeux-Guéant.
Richard Yung. J’étais le porte-parole de mon parti lors des nombreux débats sur ces différents textes contre lesquels nous nous sommes battus il y a deux ans et demi lorsqu’ils étaient en discussion au Sénat. J’ai un petit espoir que la loi préparée par le ministre de l’lntérieur, Manuel Valls, pour le printemps prochain permettra de faire avancer des choses. Il y a eu des progrès, sur la possibilité pour les étudiants étrangers diplômés de rester en France, mais tout ça est timide, nous avons besoin d’aller plus loin et plus fort.
Entretien réalisé par Lionel Venturini