Les Echos, Michel de Grandi / Journaliste, service international | Le 29/10 à 07:00
Les chiffres officiels donnent 92 % de oui aux amendements, l'opposition se mobilise.
Cela sonne comme une fin de non-recevoir. La France a, comme d'autres pays, pris note « des résultats du référendum en République du Congo » mais tient à préciser que « les conditions dans lesquelles ce référendum a été préparé et organisé ne permettent pas d'en apprécier le résultat notamment en termes de participation ». Ainsi, l'Elysée ne cautionnerait plus la énième pirouette de Denis Sassou-Nguesso, au pouvoir depuis trente et un ans cumulés, qui a voulu amender la Constitution de la RDC pour prolonger sa présence à la tête de l'Etat. Dans son esprit, la démarche est logique. Lui qui se présente comme le garant de la paix au Congo ne peut que se positionner pour briguer un nouveau mandat en 2016. Officiellement, le référendum qui vient de se dérouler s'est soldé par 92 % de « oui » aux amendements constitutionnels. Les Congolais ont été appelés à se prononcer sur un projet de nouvelle Constitution, où ni la limite d'âge ni le nombre de mandats présidentiels déjà effectués ne sont pris en compte. L'approbation par les électeurs vaut feu vert à Denis Sassou-Nguesso pour se représenter à la présidentielle en 2016.Paris n'est pas le seul à douter à voix haute de ces résultats. Pascal Tsaty Mabiala - un des chefs de l'opposition -, qui avait appelé à boycotter les urnes, a estimé que la participation n'a pas été de 72,44 % comme l'annoncent les chiffres officiels, mais qu'elle n'avait pas dépassé « 10 % ». Denis Sassou-Nguesso a subi « un camouflet », avait-il déclaré, « les Congolais ne se sont pas déplacés, c'était le mot d'ordre que nous avions donné ». Les pointages physiques effectués dans les deux principales villes du pays, Brazzaville et Pointe-Noire, montrent qu'en effet les électeurs semblent avoir largement boudé les urnes, lors du vote dimanche.
Les résultats annoncés sont « nuls et de nul effet », a également affirmé le Front républicain pour le respect de l'ordre constitutionnel et l'alternance démocratique (Frocad), une des deux principales plates-formes de l'opposition ayant qualifié le référendum de « coup d'Etat constitutionnel ». Pour le Frocad, « le scrutin n'a été ni libre, ni juste, ni équitable, ni transparent » et s'est déroulé « dans un état de siège ».
Pendant que Raymond Mboulou, le ministre de l'Intérieur, proclame « adopté » le projet de texte de la nouvelle Constitution qui « entrera en vigueur dès sa promulgation par le président de la République », l'opposition appelle à la désobéissance civile pour faire obstacle au texte. Un combat sans doute pour rien.