Les Echos, Guillaume de Calignon Le 09/03 à 16:56Mis à jour à 18:15
C'est probablement l'un des grands freins à l'accession au pouvoir de Marine le Pen . La grande majorité des Français reste opposée à une sortie de l'euro et à un retour au franc , tel que le prévoit la candidate du Front national si elle remporte la présidentielle. Dans un sondage Elabe pour « Les Echos », Radio classique et l'Institut Montaigne, près des trois quarts des Français, 72 % exactement, ne sont pas favorables à une sortie de l'euro.
Les retraités sont les plus opposés à un tel changement. Même chez les sympathisants du FN, la proposition ne fait pas l'unanimité : seuls 60 % des personnes qui se déclarent proches des idées du parti d'extrême droite sont pour un retour du franc. Et la question reste débattue au sein du FN, Marion Maréchal Le Pen n'ayant jamais montré beaucoup d'enthousiasme pour cette idée.La sortie de l'euro et de l'Union européenne n'en fait toujours pas moins partie du programme de Marine Le Pen dont c'est un pilier. Mardi matin, devant des patrons de PME , la candidate a expliqué que, sans quitter l'Union européenne (UE), « je ne peux pas m'attaquer à l'immigration, ni mettre en place de patriotisme économique, ni de protectionnisme intelligent (...) J'irai jusqu'au bout de ma logique », a-t-elle assuré, jugeant que, de toute façon, « l'euro n'est pas malade, il est mort ». Pour elle, « les médias utilisent la stratégie de la peur » pour déconsidérer son programme économique.
Clivage entre pro-européens et anti
Mais, si les Français ne sont pas favorables à une sortie de l'euro, ils ne sont pas non plus europhiles. Loin de là. Pour preuve, 37 % des personnes interrogées par Elabe juge que l'appartenance à l'Union européenne apporte plus d'inconvénients que d'avantages et 31% l'inverse. « Clairement, l'idée que l'Europe représente le progrès n'est plus majoritaire dans le pays », constate Bernard Sananès, le président d'Elabe.
« Le clivage entre pro-européens et anti est aujourd'hui une des lignes de fracture principales de la société française », juge le sondeur. Les différences des taux d'adhésion à l'UE sont en effet extrêmement différents en fonction de l'âge, des territoires. Et au sein même des partis politiques, la ligne de fracture est nette. Ainsi, près de la moitié des 18-24 ans considère que l'appartenance à l'UE procure plus d'avantages alors que moins d'un tiers des plus de 65 ans partagent cette opinion. De la même façon, moins d'un quart des personnes résidant dans des agglomérations de moins de 20.000 habitants voit l'UE de façon positive contre 44 % en région parisienne.
Enfin, 44 % des cadres estiment que l'UE a plus d'avantages que d'inconvénients contre seulement 17% des employés. A l'intérieur des partis, la division est aussi visible : un tiers des sympathisants du parti Les Républicains considèrent que l'Europe donne des avantages et 35 % pensent l'inverse. La fracture européenne sera peut-être déterminante pour l'issue de l'élection présidentielle en mai prochain.
Sondage réalisé par internet les 7 et 8 mars auprès d'un échantillon de 1.001 personnes selon la méthode des quotas.
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