Les Echos / Etienne Lefebvre / Rédacteur en chef "International, Politique et Economie générale / Le 07/02 à 18:43 / Mis à jour le 08/02 à 07:43
Le prélèvement à la source de l'impôt, voué aux gémonies par nombre de responsables politiques, devait être une usine à gaz ingérable. Il s'est transformé en non-événement.
Le prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu, souvenez-vous, ce devait être le grand bug de 2019. « Une usine à gaz, une réforme qui va dans le mur », dixit Laurent Wauquiez. « Une espèce d'inquisition », osait Jean-Luc Mélenchon. Le moyen de « faire des contribuables le tiroir-caisse de l'Etat macroniste », pour Marine Le Pen, selon qui le gouvernement se préparait « ni plus ni moins à plastiquer l'édifice fiscal ».
C'était à la fin de l'été dernier, autant dire une éternité. A l'Assemblée nationale, pendant les débats budgétaires de l'automne, le député Marc Le Fur (LR) ne lâchait pas le morceau accusant inlassablement l'exécutif de « faire la poche aux Français » et saoulant ses collègues d'amendements de suppression...
Soyons honnêtes, Emmanuel Macron a lui-même beaucoup contribué à ce concert de critiques et à cette inflation de prévisions apocalyptiques, en mettant en doute les garanties avancées par Bercy (qui a dû accepter plus d'avances de trésorerie). Au point de sembler prêt à renoncer à la réforme, début septembre. Il faut aussi rester prudent sur l'impact psychologique éventuel sur les Français des changements intervenus sur leur feuille de paie, et sur les difficultés techniques qui pourraient encore survenir.
Rebond espéré de la consommation
Mais force est de constater que la grande pagaille n'a pas eu lieu. Que les Français interrogés dans les enquêtes n'ont jamais démenti leur soutien à cette réforme, approbation qui semble même s'être accrue depuis qu'elle est entrée en vigueur. Et que l'Insee table aujourd'hui davantage sur un rebond de la consommation, facilité par les mesures en faveur du pouvoir d'achat et le repli de l'inflation, plutôt que sur un coup d'arrêt.
Une chose est sûre, le prélèvement à la source, qui n'est pas une réforme fiscale mais simplement un nouveau mode de collecte de l'impôt, ne méritait pas des échanges politiques aussi passionnés. Et on aimerait entendre un peu plus, aujourd'hui, ses grands pourfendeurs d'il y a six mois.