Le Sénat a adopté le projet de loi pour la transformation et la croissance (Pacte). Sa version est éloignée du texte initial puisqu’elle ne comporte plus la privatisation d’Aéroports de Paris et de la Française des jeux, refusée par la gauche et la droite.
Public Sénat / Par Guillaume Jacquot / Mardi 12 février 2019 à 17:26
Après six jours d’examen, le Sénat a adopté ce mardi en première lecture le projet de loi pour la croissance et la transformation des entreprises (Pacte), dans une version qu’il a profondément remanié. Lors d’un scrutin solennel, 207 sénateurs ont approuvé cette version amendée, et 117 l’ont refusé (socialistes, communistes, une large partie du groupe RDSE, la République en marche). 22, venant de la droite et du centre principalement, se sont abstenus.
La disparition des privatisations d’Aéroports de Paris (ADP) et de la Française des jeux (FDJ) est la différence la plus marquante avec la copie que les députés ont transmise fin 2018. Une large majorité de circonstance s’était dressée le 5 février contre la cession au privé d’Aéroports de Paris pour 70 ans. Gauche et droite avaient uni leurs voix pour dire non à cette privatisation.
Cette majorité « hétéroclite », n’a pas manqué d’attirer les railleries dans les rangs du groupe La République en marche au Sénat. « C’est l’arche de Noé votre truc ! » s’est exclamé le sénateur Richard Yung, sous les protestations venues des bancs de droite. Seule une majorité de sénateurs issus des groupes Union centriste et Les Indépendants s’était déclarée favorable au désengagement de l’État.
« Je trouve qu’il est vraiment très intéressant que la gauche et la droite défendent ensemble l’intérêt national lorsqu’il s’agit de pépites publiques comme ADP et la FDJ ! », a, au contraire, estimé le socialiste Martial Bourquin.
Bruno Le Maire espère que les amendements introduits en commission spéciale du Sénat seront rétablis dans la version finale du texte
Le sénateur LREM Richard Yung avait conclu son intervention en soulignant combien il lui semblait « difficile d’arriver à un accord avec l’Assemblée nationale ».
De son côté, le ministre qui a porté ce texte, Bruno Le Maire, a qualifié le scrutin final de « difficile à décrypter », voire d’ « obscure clarté qui tombe des étoiles ». « D’une certaine façon, ceux qui étaient pour le texte initial du gouvernement ont voté contre, et ceux qui ont voté contre le texte du gouvernement ont voté pour. Au bout du compte, nous sommes dans une très grande confusion. »
L’échec – hautement probable en commission mixte paritaire – d’un compromis avec les députés, ne signe pour autant pas la fin des apports du Sénat. Le ministre de l’Économie, saluant le « travail utile » de la Haute assemblée, « espère que certaines des propositions du Sénat pourront être reprises dans le texte définitif du projet de loi ». Il a notamment cité les « dispositifs d’encadrement et de renforcement des garanties autour des privatisations ». Celles qui avaient été proposées par le co-rapporteur (LR) Jean-François Husson en commission spéciale.
Pour le ministre, cette cession est nécessaire pour abonder le Fonds de rupture pour l’innovation et place la France « dans le camp des vainqueurs » de cette bataille internationale. « Je maintiens que ces cessions d’actifs, dans des activités qui peuvent être parfaitement traités par des activités privées, de manière encadrée et régulée. C’est une nécessité absolue pour financer le Fonds. »