La Nouvelle République, jeudi 28 août 2008
Pierre Cottu
2.400.000 Français vivent à l’étranger. A travers l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE) de 155 membres, ils élisent douze sénateurs qui sont leurs représentants parlementaires. Le Tourangeau Richard Yung est l’un d’entre eux.
Richard Yung affectionne particulièrement l’art africain.
Tout prédisposait le jeune Richard Yung à effectuer des voyages. Né à Amboise le 22 septembre 1947, il n’eut pas le temps de goûter le divin nectar de cette année-là ! Ses parents partent pour Madagascar où son père ingénieur topographe était appelé. Les pays se succèdent, Sénégal, Cameroun, Gabon : l’Afrique sera sa deuxième terre natale. A 19 ans, retour en France, titulaire d’un DESS en sciences économiques et diplômé en sciences politiques, il rentre au PSU de Michel Rocard, où il rencontre sa future épouse, Aude, journaliste à Libération.
Grand voyageur
Après un passage à l’Inpi, à la banque Worms, au CNRS, il devient directeur à l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle à l’Onu à Genève. En 1989, il est nommé directeur de la coopération internationale de l’office européen des brevets (OEB) à Munich, où il se bat bec et ongles pour que les brevets déposés en langue française soient reconnus sans obligation de traduction, au même titre que l’anglais et l’allemand.
Après 15 années passées en Allemagne, Richard Yung a été élu sénateur des Français de l’étranger en 2004. Désormais, il passe un tiers de son temps en voyage autour de la planète. Transits dans les aéroports, décalages horaires, conférences ou expéditions dans la brousse constituent le lot quasi quotidien de son mandat. « Mon boulot est celui d’un sénateur comme les autres, l’écoute des gens et de leurs problèmes petits et grands, explique- t-il. Simplement, il trouve un prolongement auprès des autorités, des gouvernements et des décideurs de toutes sortes au sujet de la justice, de la protection sociale parfois inexistante dans certains pays, de l’économie et de la sécurité de nos concitoyens. »
De retour au Sénat en France, l’élu globe-trotter doit encore rendre des comptes: « Nous faisons des fiches pour chaque cas, des analyses de situations, des propositions de solutions. Il y a un énorme travail administratif et je n’ai pas trop de mes deux attachés parlementaires pour m’aider. », souligne le sénateur Yung.
Rayonnement culturel
Personnellement, Richard Yung se montre particulièrement attentif au rayonnement de la culture française autour de la planète et à sa dimension scolaire : « Il y a plus de 400 écoles françaises à l’étranger. 300.000 élèves y sont scolarisés, 120.000 sont français et 180.000 sont du pays ; pour ceux-ci nous essayons de développer ce que nous appelons les bourses d’excellence, diffusées aux meilleurs élèves locaux non français. C’est tout notre intérêt, ils seront demain, les futurs décideurs, précepteurs, responsables politiques, pensons-y si nous voulons rester le 5e pays exportateur mondial de marchandises ! »
Entre deux déplacements, Richard Yung s’empresse de se ressourcer en posant ses valises le plus souvent possible en Touraine. Le sénateur des expatriés, s’est enraciné à Noizay dans une charmante petite maison en partie troglodyte, au cœur du vignoble vouvrillon.
Richard Yung est élu au Sénat jusqu’en 2014. Le mot retraite ne figure pas encore dans son vocabulaire. Dans sa maison tourangelle, le globe-trotter aime consacrer ses plages de repos au théâtre, l’opéra, Mozart. Il cultive aussi une passion de collectionneur pour l’œuvre de Marcel Proust, « A la recherche du temps perdu », traduite dans toutes les langues !