Tribune de Claudine Lepage (PS), Kalliopi Ango Ela (EÉLV) et Richard Yung (PS), sénateurs des Français établis hors de France
L’actualité qui nous parvient de la République démocratique du Congo n’est guère réjouissante : Guerre civile aux Kivus et au Katanga, rebelles qui pillent et tuent (soutenus par le Rwanda et sans doute par l’Ouganda) qui exploitent et détournent les ressources naturelles, des millions de morts, des dizaines de milliers de personnes déplacées, des viols en série commis dans des conditions particulièrement atroces, des crimes contre l’humanité selon l’ONU. De plus absence de transparence et de démocratie lors des élections en novembre 2011 violemment contestées par l’opposition, puis les dates des élections des députés provinciaux repoussées une fois de plus de 2012 à 2013 puis 2014.
Cependant, en raison de sa grande superficie, de sa localisation au centre de l’Afrique, de ses énormes richesses naturelles et de son importante population, la République démocratique du Congo est l’un des « géants » de l’Afrique, avec le Nigeria, l’Égypte, et l’Afrique du Sud. C’est le quatrième pays le plus peuplé d’Afrique ainsi que le pays francophone le plus peuplé.
C’est dans ce contexte particulier que se prépare le 14ème Sommet de la Francophonie prévu à Kinshasa du 12 au 14 octobre 2012. Il n’était pas superflu de se demander si la présence de François Hollande dans ce contexte était bien opportune.
Qu’est-ce que la Francophonie et quel rôle peut-elle jouer dans ces circonstances ?
La Francophonie est une des rares organisations internationales qui dispose d’une définition consensuelle de la démocratie. La Déclaration de Bamako (2000) définit la « démocratie comme un idéal vers lequel les pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) s’engagent à converger volontairement et à leur rythme, à travers l’affirmation de l’État de droit, l’organisation d’élections libres, fiables et transparentes, la promotion d’une vie politique apaisée, d’une culture démocratique et du respect des droits de l’homme. »
La déclaration de Bamako a été suivie de la Déclaration de Saint Boniface (2006), sur la prévention des conflits et la sécurité humaine qui a élargi l’acquis francophone en matière de démocratie et droits de l’Homme en introduisant la notion de responsabilité des États de protéger les civils sur leur territoire. La Francophonie rappelle sa disponibilité à aider ses membres à faire face à cette responsabilité et propose de nouvelles voies de coopération (lutte contre le trafic illicite d’armes légères de petit calibre, participation accrue aux opérations de paix et question des enfants associés aux conflits).
La politique de Joseph Kabila est loin de s’inscrire dans le cadre de la déclaration de Bamako et de celle de Saint Boniface, textes fondateurs de la Francophonie. Pour rendre crédible l’organisation du sommet de la Francophonie à Kinshasa, il est urgent que le président Kabila, dans les semaines à venir, fasse un geste et prenne des mesures concrètes en matière de justice, de respect des Droits de l’Homme, de démocratie pour que la francophonie lui vienne en aide selon ses principes affichés. C’est ce que François Hollande a annoncé dans son discours d’ouverture de la conférence des Ambassadeurs le 27 août.
Ajoutons que de nombreux Chefs d’État et de gouvernement de pays africains et francophones souhaitent cette réunion pour mieux connaitre la politique africaine de François Hollande et bâtir une nouvelle relation avec la France. En faisant de la démocratie et de la défense des Droits de l’homme un sujet central, ils contribueraient au succès du Sommet.