Mon amie et collègue Bariza Khiari, première vice-présidente du Sénat, est à l'origine de cette tribune publiée le 25 septembre 2014 dans le Figaro et que je souhaite partager.
Un de nos compatriotes, tombé entre les mains d’un groupe de barbares fanatisés, vient d’être assassiné et a rejoint ainsi la liste des otages qui ont servi d’exutoire au nom d’un prétendu islam dans lequel aucun de nous ne se reconnaît nullement. Nous musulmans de France, ne pouvons qu’exprimer notre répulsion et dénoncer avec la dernière énergie des crimes abominables perpétrés au nom d’une religion dont les fondements mêmes sont la paix, la miséricorde et le respect de la vie.
Nous dénions à ces êtres sauvages le droit de se revendiquer de l’islam et de s’exprimer en notre nom. Les supplices et la mort qu’ils ont infligés à nos frères chrétiens, azéris ou musulmans, en Syrie, en Irak, au Nigéria et ailleurs, nous ont révulsés et nous ont rendus encore plus malheureux de ne pouvoir faire rien d’autre que d’exprimer notre solidarité et notre immense compassion.
Faut-il pour autant se contenter d’exprimer notre solidarité sans aller plus loin dans l’expression de notre fraternité ? Non ! Car il est de notre devoir, au nom précisément de cette religion de paix et du véritable islam, d’appeler tous les musulmans qui veulent rester fidèles à ces valeurs cardinales, de dénoncer là où ils sont et quelles que soient les circonstances, leur dégoût devant cette ultime manifestation de la barbarie.
Certes, cette majorité de musulmans n’est pas toujours audible, faute d’avoir accès aux médias, ou dans l’incapacité de créer eux-mêmes leurs propres outils de communication, pour rétablir l’image déformée que l’on renvoie d’eux et qui en fait soit des djihadistes, soit des fondamentalistes mais jamais des citoyens ordinaires soucieux de vivre dans le cadre des lois de la République leur foi et de sauvegarder les traditions et les cultures qui constituent chaque citoyen français dans la diversité de ses origines.
Nous, Français de France et de confession musulmane, tenons à exprimer avec force notre totale solidarité avec toutes les victimes de cette horde de barbares, soldats perdus d’un prétendu Etat islamique, et dénonçons avec la dernière énergie toutes les exactions commises au nom d’une idéologie meurtrière qui se cache derrière la religion islamique en confisquant son vocabulaire.
Personne ne peut s’arroger le droit de s’exprimer en notre nom, et, pour mieux attester de notre solidarité dans les circonstances dramatiques actuelles, nous revendiquons l’honneur de dire que « nous sommes aussi de sales Français ».
Premiers signataires : Bariza Khiari (première vice-présidente du Sénat), Madjid Si Hocine (médecin et militant associatif), Saad Khiari (cinéaste-auteur), Ghaleb Bencheikh (président de la conférence mondiale des religions pour la paix), Farid Yaker (président du Forum France Algérie), Kamel Meziti (écrivain), Dounia Bouzar (anthropologue du fait religieux), Said Branine (journaliste rédacteur en chef d’Oumma.com), Humeyra Filiz (représentante de l’EMISCO auprés du conseil de l’Europe),Dahmane Abderahmane (président du CDMF), l’ONG COJEP internationale, Anissa Meziti (présidente de l’association agir contre le racisme), Abderahim Hamdani ( Financier), Yasser Khaznadar (Gériatre), Marwane Ben Yahmed (directeur de la publication de Jeune Afrique), Elie Melki (Traducteur), Majed Nehmé (directeur de la rédaction d’Afrique Asie), Adel Kachermi (courtier en Aviation), Kamel Kabtane (recteur de la mosquée de Lyon)