Le 31 janvier, j’ai participé, dans le cadre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, à une audition sur « L’Arabie Saoudite dans son environnement régional ».
Ont été entendus Fatiha DAZI-HÉNI, responsable du programme « Politiques de sécurité et de défense des monarchies de la Péninsule arabique » à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem), Stéphane LACROIX, professeur associé à Sciences Po Paris, et Louis BLIN, chargé de mission au Centre d’analyse, de prévision et de stratégie (CAPS) du ministère de l’Europe et des affaires étrangères.
Vous trouverez, ci-dessous, la vidéo de l’audition ainsi que le compte rendu de mon intervention et de la réponse de M. BLIN.
Richard Yung. - Pouvez-vous nous éclairer sur les différences entre salafisme et wahhabisme ? Quels sont, en outre, les projets de Mohammed ben Salmane en matière de développement économique, alors que les ressources saoudiennes, hors manne pétrolière, sont rares?
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Louis Blin. - Les monarchies pétrolières disposent en réalité, monsieur Yung, de nombreuses autres ressources : mines, énergie solaire, tourisme, que l’Arabie saoudite va développer en délivrant, à compter du mois de mars prochain, des visas touristiques. Le pari d’ouverture économique du prince héritier est donc rationnel. Il ne faudrait pas retenir de la formule de Kamel Daoud que salafisme et wahhabisme sont identiques. Le salafisme est un fondamentalisme religieux. Le wahhabisme, fondé au XVIIIème siècle par Mohammad ben Abdel Wahhab, est une sorte de salafisme au cœur du lien entre l’Islam et la monarchie saoudienne. En son nom, ont été commises d’effroyables violences lors de la conquête du royaume par les premiers Saoud. Associé au pouvoir, le wahhabisme s’est amplement assagi pour devenir légitimiste et, partant, non violent. Le salafisme peut, pour sa part, utiliser la violence comme moyen de contestation, comme Oussama ben Laden qui prônait un djihadisme anti-wahhabite. Les fondamentalistes musulmans ne constituent aucunement des terroristes en puissance, comme le prouve l’exemple de l’Arabie saoudite, malgré son soutien à Al-Qaïda avant 2001, soutien auquel la Central intelligence agency (CIA) n’était pas non plus étrangère. Depuis cette date, le pays a d’ailleurs été victime de plusieurs attentats. La radicalisation de l’Islam ne prend pas sa source en Arabie saoudite ; les causes en sont internes à chaque pays.