Le 16 février 2021, M. Jean-Pierre Sueur (Socialiste, Écologiste et Républicain – Loiret), président du groupe interparlementaire d’amitié France-Tunisie, s’est entretenu au Sénat avec
S. Exc. M. Mohamed Karim Jamoussi, Ambassadeur de Tunisie en France depuis septembre 2020.
Étaient également présents : Mme Laurence Cohen (communiste républicain citoyen et écologiste – Val-de-Marne), M. Rémi Féraud (SER – Paris), Mme Joëlle Garriaud-Maylam (Les Républicains – Français établis hors de France), M. Charles Guéné (LR – Haute-Marne), M. Claude Kern (Union Centriste – Bas-Rhin), M. Jean-Yves Leconte (SER – Français établis hors de France), Mme Catherine Morin-Desailly (UC – Seine-Maritime), Pascal Savoldelli (CRCE – Val-de-Marne) et M. Richard Yung (Rassemblement des démocrates progressistes et indépendants – Français établis hors de France).
Invité par M. Jean-Pierre Sueur, président, à dresser un bilan de la situation politique, économique et sociale de son pays, S. Exc. M. Mohamed Karim Jamoussi a souligné le chemin parcouru par la Tunisie, « seul pays rescapé du Printemps arabe », depuis la révolution de 2011. Il a dit sa fierté face aux progrès accomplis en faveur de la liberté d’expression et de la transition démocratique, dont l’adoption d’une nouvelle constitution en janvier 2014 ainsi que la tenue d’élections municipales en 2018, puis législatives et présidentielle en 2019, sont autant de preuves. Rappelant que les modalités d’élection des membres de la Cour constitutionnelle, dont la création est prévue par la nouvelle constitution, faisaient actuellement débat, il a reconnu par ailleurs que l’objectif de stabilité politique n’était pas encore complètement atteint – aucun gouvernement depuis 2011 n’étant resté au pouvoir plus de trois ans. C’est pourquoi le projet de réforme du code électoral vise à concilier le pluralisme politique, véritable acquis démocratique de la révolution, avec l’émergence d’une majorité parlementaire permettant au gouvernement d’exercer le pouvoir de manière efficace et pérenne.
Faisant état du ralentissement de la croissance constaté ces dernières années – le taux de progression du PIB étant ainsi passé de +3,5% à +1% entre 2012 et 2019 – et de la récession provoquée en 2020 (-8%) par la pandémie de Covid-19, l’ambassadeur a observé que la Tunisie avait semblé privilégier la transition démocratique au détriment de la transition économique. Alors que le secteur du tourisme, qui entre pour une part importante dans l’activité économique du pays, devrait être durablement impacté par la crise sanitaire mondiale, S. Exc. M Mohamed Karim Jamoussi a mis en avant l’enjeu du retour des touristes français en Tunisie. Plus généralement, il a salué les relations économiques étroites avec la France, premier partenaire de la Tunisie, et a appelé de ses vœux le renforcement de la présence économique française, par de nouvelles implantations d’entreprises et des investissements accrus de capitaux.
M. Jean-Pierre Sueur, président, a donné à l’ambassadeur l’assurance que le Sénat continuerait à apporter tout son soutien à la Tunisie dans ce domaine et à prendre de nouvelles initiatives, dans la lignée du forum économique de 2019 co-organisé avec Business France et placé sous le haut patronage du Président Gérard Larcher, et du colloque « Revenir en Tunisie » organisé par le groupe d’amitié en 2017. S. Exc. M Mohamed Karim Jamoussi a accueilli avec enthousiasme cette proposition, mentionnant en particulier les enjeux actuels de la conversion des dettes, du développement homogène des territoires, et du rôle des petites et moyennes entreprises (PME).
S’agissant des conséquences sanitaires de l’épidémie de Covid-19, l’ambassadeur a souligné que la Tunisie avait été épargnée par la première vague de contamination, tandis que la deuxième vague aurait entraîné le décès de 7 500 personnes pour une population de près de 12 millions d’habitants.
Répondant aux questions de Mmes Laurence Cohen et Joëlle Garriaud-Maylam sur la place de la femme dans la société tunisienne et les avancées en matière d’égalité entre les hommes et les femmes, S. Exc. M Mohamed Karim Jamoussi a rappelé que la femme tunisienne bénéficiait d’un statut sans égal dans le reste du monde arabe, et ce notamment grâce à l’action passée de Habib Bourguiba. L’ambassadeur n’en a pas moins identifié des points nécessaires d’amélioration, s’agissant en particulier des écarts de rémunérations entre les hommes et les femmes dans le secteur privé, et des disparités entre la condition des femmes dans les zones rurales et celle dans les grandes villes.
En matière de lutte contre le terrorisme, M. Jean-Pierre Sueur, président, a souligné l’importance de la coopération entre la France et la Tunisie. S. Exc. M Mohamed Karim Jamoussi a acquiescé en rappelant le savoir-faire développé par son pays et les investissements réalisés ces dernières années.
Enfin, Mme Catherine Morin-Desailly s’est réjouie de la perspective du XVIIIe Sommet de la Francophonie, qui était prévu pour décembre 2020 et devrait avoir lieu en novembre 2021 à Djerba. Elle également salué l’association du musée des Beaux-Arts de Rouen, du Mucem de Marseille et de l’Institut national du patrimoine de Tunis à l’occasion d’une exposition itinérante sur Salammbô, dans le cadre de la commémoration du bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert.
Transmettant les salutations de M. Sofien Makhloufi, président du groupe interparlementaire d’amitié Tunisie-France de l’Assemblée des représentants du peuple, S. Exc. M Jamoussi a formé le vœu d’un nouvel élan dans les relations interparlementaires entre la France et la Tunisie. Il a également invité le groupe d’amitié à venir prochainement à l’Ambassade de Tunisie afin d’approfondir les points évoqués lors de cette première réunion. M. Jean-Pierre Sueur, président, a insisté sur la volonté du groupe d’amitié d’accueillir au Sénat une délégation tunisienne dès que les conditions sanitaires le permettraient, et a chaleureusement remercié l’ambassadeur pour son invitation.