Le 27 août, j’ai eu le plaisir d’assister, au Palais de l’Élysée, à l’allocution que le Président de la République a prononcée à l’occasion de la XXème conférence des ambassadeurs.
Après avoir exposé sa vision de l’état du monde, François HOLLANDE a présenté les fondements de la politique étrangère de la France. Indépendant et fort de ses valeurs universelles, notre pays est « un pont entre les nations, y compris les émergentes, entre le Nord et le Sud, entre l’Orient et l’Occident ».
Le Chef de l’État a réaffirmé l’attachement de la France au droit et au respect de la légalité internationale. Il souhaite ainsi « faire de l’Organisation des Nations unies l’instance centrale de la gouvernance mondiale pour préserver la paix, mais aussi pour protéger les populations ». D’où la nécessité de « faire avancer la réforme du Conseil de sécurité » et d’élargir le système des Nations unies « à de nouveaux enjeux comme celui du défi écologique ». Il a déploré le comportement de la Russie et de la Chine dans la crise syrienne, qui « affaiblit notre capacité à accomplir le mandat que la Charte des Nations unies nous a confié ».
Autre fondement de la politique extérieure de la France : « l’exigence d’une meilleure gouvernance mondiale » pour mettre en œuvre les règles prudentielles, poursuivre la lutte contre les paradis fiscaux et instaurer une taxe sur les transactions financières au niveau international.
Le Président de la République a aussi mis en avant « l’atout de notre langue et de notre culture ». Il a demandé aux chefs de poste « de ne jamais oublier que la promotion de la langue, de la création française, c’est l’affirmation d’une vision du monde qui fait place à toutes les cultures ».
Dans un troisième temps, François HOLLANDE a détaillé les grandes orientations de la politique étrangère de la France.
Il souhaite tout d’abord faire de l’Europe une force « plus active et surtout vigilante quant au respect des règles commerciales, à la réciprocité des échanges, à l’ouverture des marchés publics partout ». Il souhaite également faire en sorte que l’Union européenne parle d’une seule voix sur la scène internationale et poursuivre la construction de l’Europe de la Défense.
Rappelant que l’alliance avec les États-Unis est « marquée par la confiance », François HOLLANDE a souligné ses convergences avec le Président OBAMA « sur les grandes questions internationales, sur la crise économique, sur l’impératif de croissance ».
S’agissant de l’engagement de la France dans l’Alliance Atlantique, le Chef de l’État a indiqué avoir confié à Hubert VÉDRINE la mission de dresser un bilan de la réintégration dans le Commandement militaire intégré.
Par ailleurs, le Président de la République souhaite développer une « Méditerranée de projet ». Dans cette perspective, un délégué interministériel à la Méditerranée devrait prochainement être nommé. Le Chef de l’État accorde aussi « une attention toute particulière à la coopération avec les pays du Maghreb ».
Il l’avait annoncé pendant la campagne pour l’élection présidentielle : François HOLLANDE veut « établir une nouvelle donne » avec l’Afrique, qui passe par « la transparence dans nos relations commerciales et économiques », « la vigilance dans l’application des règles démocratiques et le respect aussi des choix souverains ». D'après le Chef de l'État, l'Afrique est « un continent en forte croissance […] qui ne supporte plus le discours larmoyant à son endroit ».
Après avoir déclaré que 80% des francophones seront africains en 2050, François HOLLANDE a annoncé qu’il se rendra au sommet de la francophonie qui doit prochainement se tenir à Kinshasa. Il souhaite en effet y réaffirmer que « la Francophonie, ce n’est pas simplement une langue en partage, c’est aussi une communauté de principes et d’idéaux, dont le rappel à chaque occasion est nécessaire ». Je m’en réjouis (voir la tribune que j’ai récemment publiée avec mes collègues Claudine LEPAGE et Kalliopi ANGO ELA).
De plus, le Président de la République a déclaré que la France doit davantage tenir compte de l’émergence d’un monde multipolaire. Partant, il a annoncé sa volonté de développer les relations avec le Japon et la Turquie, qui ont été délaissés au cours des cinq dernières années.
Quant à la politique de développement, elle doit non seulement permettre « l’intégration de tous les pays dans le jeu mondial », mais aussi contribuer à contrer certaines menaces telles que le trafic de drogue. Sur ce dernier point, François HOLLANDE souhaite « engager une stratégie mondiale pour lutter plus efficacement qu’aujourd’hui » contre ce fléau.
Dans un quatrième temps, le Chef de l’État a abordé les principaux sujets d’actualité.
Premier défi : la résolution de la crise européenne. François HOLLANDE a déclaré avoir contribué à la réorientation de l’Europe en faisant adopter « un pacte de croissance dont toutes les mesures doivent être mises en œuvre rapidement ». Les prochaines étapes sont la ratification du traité budgétaire signé en mars dernier, la mise en place du Mécanisme européen de stabilité (MES) et l’adoption d’un mécanisme européen de supervision bancaire. Le Président de la République a rappelé sa volonté de voir l’Union avancer selon la méthode de l’intégration solidaire : à chaque nouvelle étape d’intégration doit correspondre une avancée démocratique. Il s’est prononcé en faveur du renforcement du rôle de l’Eurogroupe et de son président, de l’accroissement de la fréquence des réunions des chefs d’État et de gouvernement lorsqu’il s’agit de la zone euro, de la mise en place d’instruments de solidarité (mutualisation des dettes), de l’harmonisation fiscale et de la convergence sociale et environnementale. Empruntant des accents deloriens, il s’est également dit « favorable à la mise en œuvre de coopérations renforcées qui permettent d’avancer plus vite avec ceux qui décident ensemble de s’engager ». Quant à la relation franco-allemande, elle est fondamentale, mais pas exclusive.
La crise syrienne a occupé une place centrale dans le discours du Président de la République. Il a rappelé que « Bachar EL-ASSAD doit partir » car il « constitue une menace ». Il a affirmé la nécessité d’« intensifier les efforts pour que la transition politique ait lieu le plus vite possible ». Pour ce faire, « la France demande à l’opposition syrienne de constituer un gouvernement provisoire, inclusif et représentatif, qui puisse devenir le représentant légitime de la nouvelle Syrie ». La France travaille également sur « l’initiative des zones tampons proposées par la Turquie » et souhaite « prévenir l’emploi d’armes chimiques par le régime » de Damas.
Abordant la question de la crise iranienne, le Chef de l’État a réaffirmé l’attachement de la France à la lutte contre la prolifération nucléaire. D’après François HOLLANDE, « il serait inacceptable que l’Iran se dote de l’arme nucléaire ». Partisan d’un « règlement diplomatique de la crise », il souhaite « accentuer encore les sanctions » contre l’Iran tant que le régime de Téhéran « ne répondra pas à toutes les questions en suspens et ne se conformera pas à la légalité internationale ».
En ce qui concerne la situation au Proche-Orient, le Président de la République a rappelé la position constante de la France : la stabilité de la région passe par la résolution du conflit israélo-palestinien, qui « ne peut s’accomplir qu’en reconnaissant aux Palestiniens le droit à l’autodétermination et en garantissant à Israël sa sécurité ». François HOLLANDE s’est dit attentif à la « situation dangereuse dans le Sinaï ».
Autre sujet de préoccupation pour le Chef de l’État : la situation dans le Sahel. Le rôle de la France doit consister à appuyer l’action des États africains dans le cadre des Nations unies.
Après avoir dressé un premier bilan du retrait des forces françaises d’Afghanistan (650 soldats sont déjà rentrés ; 2.000 le seront d’ici à la fin de l’année), François HOLLANDE a rappelé que la France continuera à être présente en Afghanistan mais sous des formes différentes.
Le Président de la République a ensuite présenté les acteurs de la politique étrangère de la France : le réseau diplomatique, le réseau culturel, le réseau d’enseignement français à l’étranger, l’audiovisuel public extérieur, les collectivités territoriales et les communautés françaises à l’étranger. François HOLLANDE a indiqué que ces dernières sont accompagnées, promues et protégées par la ministre déléguée, Hélène CONWAY, en liaison avec les parlementaires, sénateurs, députés qui les représentent.
Enfin, le Chef de l'État a affirmé sa volonté de mobiliser l’outil diplomatique au service du redressement économique de la France. A cette fin, le ministre des affaires étrangères, Laurent FABIUS, a présenté, le 28 août dernier, un plan d’action pour la diplomatie économique.