Bourses scolaires, affaires sociales, CFE, sécurité, enseignement… Les élus et l’administration consulaire française étaient mobilisés dans la semaine du 10 au 14 avril pour répondre aux attentes de la communauté française résidente dans la Grande Ile. Nous avons interrogé Jean-Daniel Chaoui, Président de Français du Monde Madagascar et Conseiller consulaire, sur le contenu de cette semaine intense et quelques autres sujets.
Midi Madagascar (MM) : Pourquoi avoir concentré ainsi le traitement de tous ces sujets ?
Jean-Daniel Chaoui (JDC) : Nous sommes cinq Conseillers consulaires élus représentant les Français de Madagascar dont trois habitent en provinces. Il est donc important de regrouper nos réunions de travail afin que nos collègues n’aient pas à effectuer trop fréquemment des déplacements coûteux en temps et en argent. Je rappelle que la fonction de Conseiller consulaire est « bénévole », ce qui implique que les Conseillers consulaires ont une activité professionnelle.
M M : Parlez-nous de l’objet de la première réunion du lundi 10/04/2017.
JDC : Dans le « jargon » administratif, les réunions qui regroupent l’administration et les Conseillers consulaires sont appelés « Conseils consulaires ». Celui du lundi était consacré aux affaires sociales : nous étudions l’évolution de la consommation du budget alloué par le Ministère français pour ce domaine. Les aides concernent principalement les secours occasionnels et les allocations attribuées aux Français âgés et sans ressource ainsi qu’aux Français handicapés. Les dossiers sont présentés par l’administration pour adoption par le Conseil consulaire. De même, nous étudions les dossiers présentés pour l’aide à l’adhésion à la Caisse des Français de l’Etranger (CFE). La CFE est une assurance Santé volontaire donc payante, affiliée à la sécurité sociale française. Toutes les aides sont accordées « sous conditions de ressources ».
MM : Vous avez aussi abordé la question de l’enseignement français à Madagascar ?
JDC : C’est exact, nous avons tenu une réunion avec la conseillère-adjointe de Coopération et d’Action Culturelle, personne qui a en responsabilité le réseau des établissements Français à Madagascar. Il y a 25 écoles françaises dans la Grande Ile, certaines avec seulement une scolarisation maternelle et primaire, d’autres avec en plus un collège comme c’est le cas dans les capitales provinciales, d’autres encore avec des sections lycées. La qualité de l’enseignement de ces établissements est reconnue. L’évolution de ce réseau fait l’objet d’un échange entre les élus et l’administration. J’ai récemment écrit au Directeur de l’AEFE (Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger) pour lui faire part de mon analyse. Je lui demandais notamment de préserver la présence et le statut des collèges dans les six capitales ou grandes villes de provinces. Pour information l’AEFE est une agence sous tutelle du Ministère des Affaires étrangères qui a la responsabilité du réseau mondial d’établissements scolaires français et affiliés.
MM : Les bourses scolaires qui sont attribuées par les services consulaires sont-elles liées à ce réseau d’établissements ?
Oui. On ne peut obtenir une bourse scolaire de la part du Consulat que si l’enfant est scolarisé dans un établissement affilié au réseau AEFE. La famille doit alors constituer un dossier auprès de l’agence consulaire en provinces et du Consulat général à Tananarive. Les bourses scolaires sont attribuées sous conditions de ressources pour aider les familles françaises ayant des revenus qui ne leur permettent pas de faire face financièrement au coût des frais de scolarité. Cette aide est variable, sous forme de quotité allant de 100% à « quelques % » en fonction des ressources estimées des familles à partir du traitement de leur dossier. C’est une mesure d’aide et de promotion sociale remarquable. Le Conseil consulaire traitant de l’attribution des bourses s’est réuni sur deux jours, mardi 12 et mercredi 13 avril, toute la journée. Une journée est consacrée à l’étude des dossiers des établissements de provinces et une seconde journée à celle des établissements de Tananarive. Le nombre de bourses scolaires attribuées approche les 2200 élèves. C’est un effort considérable de la part de l’Etat français. Les élus sont particulièrement vigilants à ce que les crédits permettant de faire face à la demande soient disponibles, ce qui est parfois difficile en cette période de restriction de financement.
MM : Dernier volet, la sécurité. Nous avons perçu une certaine insatisfaction sur ce sujet de votre part à la lecture des différents communiqués de presse de Français du Monde Madagascar de ces dernières semaines.
JDC : La sécurité est devenue un problème important pour la communauté française à Madagascar, cette préoccupation ayant atteint son apogée ces derniers jours avec l’enlèvement d’un jeune élève du Lycée Français de Tananarive, le jeune Firoze. Les enlèvements récurrents de Français sont un souci majeur, surtout quand ils s’attaquent à des adolescents. Tout ceci met en lumière l’insuffisance de prise en compte de la sécurité de la part des autorités françaises en liaison avec les autorités malgaches souveraines. Il appartient à nos représentants exécutifs qui représentent notre pays de trouver une solution avec les autorités malgaches pour que cesse l’activité mafieuse des enlèvements avec rançons. Il est noté, en effet, que quasiment aucune de ces affaires d’enlèvements n’a été élucidée, l’immunité étant la règle. J’ai écrit à Madame l’Ambassadeur de France et au Ministre Français des Affaires étrangères et du Développement international, Monsieur Jean-Marc Ayrault, pour leur demander d’agir pour trouver, au plus vite, auprès des autorités malgaches souveraines, une solution permettant de mettre fin à ces enlèvements. Le Sénateur Richard Yung, sollicité par mes soins, doit prochainement rencontrer Jean-Marc Ayrault sur ce sujet.
MM : Un dernier mot concernant l’élection présidentielle française.
JDC : Le verdict du premier tour est tombé. Ma première satisfaction est que le Front National ne soit pas arrivé en tête. La politique de repli sur soi avec le retrait de l’Union Européenne et de l’euro, que prône Marine Le Pen, serait très néfaste et aventureuse pour la France. Son discours sur le rejet de « l’autre », l’étranger qui serait responsable de tous les maux de notre pays, est insupportable. Je soutiens donc sans réserve la candidature d’Emmanuel Macron pour ce deuxième tour et j’invite les électeurs Francais de la Grande Ile à se déplacer pour voter. La participation au premier tour à Madagascar fut d’un peu plus de 42%, c’est insuffisant au regard des 78% du vote en France. Montrons que nous sommes aussi des citoyens de devoir, puisque j’ai démontré dans cette interview que la France octroie à ces ressortissants une aide réelle.
Recueillis par P.R., Midi Madagasikara, 3 mai 2017